4. Rénover les contenus et les méthodes d'enseignement


Il est généralement reproché à l'école qu'elle produit trop d'échecs, qu'elle remplit trop indifféremment les têtes sans les façonner, que les savoirs et savoir-faire enseignés sont trop superficiels, non pertinents et maintes fois obsolescents Bref, qu'elle est inefficace (tout en coûtant très cher).

L'école se voit donc interpellée sur ses programmes, ses contenus et ses méthodes d'enseignement et, par ricochet la compétence de ses enseignants.

Il s'y ajoute une défaillance supplémentaire de l'école qui, pour être moins discutée, n'est pas moins réelle et influe largement sur une problématique des contenus. Il s'agit de l'absence d'objectifs clairs pour les différents niveaux d'enseignement les régimes, filières ou branches. Or, l'établissement de ceux-ci doit précéder celle des programmes et des contenus.

Quant à ces derniers, les maîtres mots s'appellent élagage, modernisation et pertinence par rapport aux objectifs fixés Il y a lieu de se recentrer sur l'essentiel, les savoirs de base, et d'abandonner les savoirs pointus à la formation continue. La qualité doit l'emporter sur la quantité, la compréhension sur le savoir émietté et superficiel. Cette réduction sur l'essentiel devra s'accompagner de plus de rigueur des élèves, la première facilitant d'ailleurs la seconde.

Pour garantir une bonne éducation de base, il faut insister sur les requis de base (savoir travailler et s'organiser de manière autonome et en groupe, savoir s'informer et s'exprimer dans les deux langues d'enseignement en allemand et en français, savoir se servir des mathématiques ou de l'outil informatique, etc...). En général, il faut privilégier les démarches qui tendent à rendre les enfants autonomes dans leur travail l'apprentissage, donner une aide pour apprendre à faire seul. Toutefois, il faut veiller à développer en même temps les méthodes d'apprentissage et les connaissances de élèves; sans celles-ci, celles-là tournent à vide. Pour ce faire les moyens nécessaires doivent être investis pour élaborer du matériel didactique équitable. Parallèlement à l'évolution de la société, une discussion permanente sur les contenus, doit avoir lieu.

Si, d'autre part, les qualifications clés doivent, d'une manière renforcée, venir compléter les contenus traditionnels, il faut admettre qu'il y a beaucoup de flou autour de cette notion. .

Une clarification s'impose ainsi qu'une détermination pertinente de ces qualifications selon les niveaux, régimes, filières ou professions ainsi que celle des lieux où elles peuvent être apprises avec le plus d'efficience possible.

Quant aux méthodes pédagogiques, l'exposé frontal devra être réduit au bénéfice d'un enseignement interactif centré sur l'individu et sur le groupe qui débouche sur l'acquisition de véritables compétences d'action. D'ailleurs, l'apprentissage indispensable des qualifications clés n'est guère possible à travers les seules méthodes traditionnelles l'enseignement.

Cette véritable révolution méthodologique en appelle une autre, celle du contrôle des savoirs, savoir-faire et qualifications clés où l'approche arithmétique actuelle doit céder la place à une évaluation formative, qualificative et positive des compétences de l'apprenant.

Four créer une école de la réussite, il faut absolument remplacer la logique de la sélection par l'échec par une logique de la qualification.

Ceci signifie concrètement que l'école primaire doit avoir pour but un savoir partagé par tous les élèves. Ce changement de perspective aura de multiples influences sur les méthodes l'enseignement et l'évaluation. En fixant des objectifs ambitieux et en réorientant les énergies de tous, enseignants et élèves, vers ce nouveau but commun, on incitera les élèves à se prendre réciproquement comme tuteurs et à minimiser l'incidence de ceux qui ont des résultats exceptionnellement bas.

Il faut donc accorder une attention particulière aux premiers apprentissages où il s'agit de compenser les difficultés dues aux handicaps physiques, à l'origine sociale ou culturelle.

Dans l'enseignement secondaire technique, où les jongleries arithmétiques permettent tout au plus à masquer temporairement l'échec, mais n'arrivent pas vraiment à créer une école de la réussite, une nouvelle évaluation doit accompagner une réforme des contenus.

Dans cet ordre d'idées, il faut souligner que les programmes du cycle inférieur de l'enseignement secondaire technique ne constituent bien souvent qu'une version tronquée des programmes de l'enseignement secondaire (classique), qui visent pourtant des élèves avec un profil et une orientation de formation tout à fait différents.

Une réforme des contenus du cycle inférieur de l'enseignement secondaire technique selon un concept global (et non seulement branche par branche) et à partir d'objectifs de formation propres à l'enseignement technique s'imose depuis longtemps, notamment pour supprimer la rupture qui existe entre ce cycle et le cycle moyen.

Quant à la réforme des méthodes pédagogiques, tant dans l'enseignement secondaire que secondaire technique, elle est directement liée à la réforme - maintes fois ajournée - de la formation initiale (stage pédagogique) des professeurs et à une solide formation continue pour tous les enseignants en service.

En résumé: plutôt que de construire des systèmes de promotion de plus en plus compliqués et divergents, il vaut mieux adapter les méthodes d'enseignement ainsi que les programmes, tout en visant un niveau de qualification élevé aux élèves qui ont du mal à s'adapter au rythme commun, il faut accorder des aides individualisées.

Il faut aussi amener les enseignants à prendre en charge les apprentissages à plus long terme pour aider à surmonter les ruptures lors des passages d'un cycle d'apprentissage à un autre (ruptures à l'intérieur de l'enseignement primaire comme à l'intérieur de l'enseignement secondaire et secondaire technique) et pour éviter à là fois les échecs dus à une organisation trop rigide et non pertinente des apprentissages et les parcours à vide d'enfants qui traversent le système scolaire sans y acquérir les compétences fondamentales qui leur permettront une insertion sociale et économique durable.



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  1. Développer et défendre l'école publique
  2. Donner à l'école publique les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs ambitieux
  3. Transformer l'organisation de l'école pour la rendre plus démocratique et plus efficace
  4. Rénover les contenus et les méthodes d'enseignement
  5. Aborder résolument le problème des langues dans l'école luxembourgeoise
  6. Créer les conditions d'une formation tout au long de la vie