2.Donner à l'école publique les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs ambitieux
Le transfert d'un certain nombre de missions de la sphère privée vers la sphère publique, le prolongement des études, le nombre croissant des élèves sont autant de facteurs qui font augmenter inévitablement le coût de l'école publique. Un système scolaire performant induit cependant des économies au niveau de l'action sociale nécessaire pour pallier les problèmes sociétaux résultant d'une éducation et d'une instruction déficientes. Un système scolaire qui donne une bonne formation de base dans les instruments de connaissance que sont la lecture, l'écriture, les mathématiques et les sciences ainsi qu' une qualification professionnelle de haut niveau à un maximum de jeunes, c'est-à-dire à un nombre sensiblement plus élevé qu'il n'est actuellement, est un investissement qui portera ses fruit en terme de développement économique durable dans la société d' information future qui nécessitera une augmentation du niveau général des compétences et des qualifications. Des investissements dans l'éducation sont donc nécessaires et sont d'ailleurs souvent signalés dans les discours des responsables politiques. Encore faut-il que ces discours soient traduits dans les faits lorsqu'il s'agit de faire les choix politiques, budgétaires et fiscaux.
Investir dans les infrastructures
En comparant les infrastructures scolaires à d'autres efforts d'infrastructures publiques routières, culturelles, administratives l'école fait souvent triste figure. Face à certaines infrastructures privées, villas, banques, grands magasins, le contraste devient encore plus saisissant.
Trop souvent nos écoles se résument à une collection de salles de classe comptant pour seul mobilier des bancs, un pupitre et un tableau noir, et encore, même ces infrastructures minimales font parfois défaut (containers, classes itinérantes ou surchargées, etc...).
Une école moderne ne devrait pas seulement disposer de salles de classes équipées des moyens didactiques appropriés, mais encore de salles spécialement équipées pour l'enseignement de différentes disciplines (musique, sciences, informatique etc...), d'ateliers, de centres de documentation (biblio thèque, médiathèque, accès à Internat, etc..,), de salles de séjour, de réunions, de repos, ainsi que d'infrastructures sportives et ludiques, de même que d'un restaurant scolaire.
Voilà ce qui créerait des conditions de travail adéquates pour les enseignants et pour les élèves et les inciterait certainement à y passer une plus grande partie de leur temps. Pour les enseignants cela signifierait certainement une plus grande disposition à un travail en équipe et pour les élèves une possibilité de créer des lieux de rencontres dans l'école plutôt que dans les grandes surfaces, les gares et les bistrots.
Face aux problèmes de société décrits au départ l'Etat se doit également de créer des internats publics.
Se donner les moyens pour former
et recruter des enseignants en nombre suffisant
Actuellement l'école luxembourgeoise recourt pour une grande partie (un cinquième environ) à du personnel qui n a pas reçu une formation pour enseigner. Le gouvernement a souvent tendance à présenter la pénurie en personnel enseignant comme une fatalité à laquelle il n'arriverait pas à remédier, alors qu'il s'agit en réalité d'une volonté politique délibérée.
Dans l'éducation préscolaire et l'enseignement primaire, le numerus clausus de l'ISERP a servi pendant de nombreuses années à créer puis à maintenir la pénurie. Suite à la possibilité d'acquérir un diplôme à l'étranger, on peut heureusement recruter un nombre croissant d' instituteurs et d'institutrices, encore que les conditions de ce recrutement ne soient pas toujours appropriées et que les besoin à combler restent énormes et s'accrois- les différents angles d'approche (l'instruction, l'éducation, sent avec l'élargissement de l'offre scolaire, comme l'éducation précoce. La formation d'instituteurs et d'institutrices devrait être une priorité politique. Celle-ci devrait se traduire par une réforme en profondeur de la formation initiale ainsi que par une formation en cours d'emploi pour les chargés de direction qui ont les qualifications de base requises. Cet effort de formation doit viser un niveau de qualification élevé.
Dans l'enseignement secondaire et secondaire technique, l'Etat a fixé, pendant de longues années, annuellement un nombre de postes disponibles en accord avec une politique budgétaire restrictive, sans tenir compte des besoins réels constatés dans les écoles Ceci a conduit à accroître les effectifs de classe, à systématiser le recours aux leçons supplémentaires et à engager des chargés de cours (appelés à présent chargés d'éducation) qui souvent ne remplissent pas les conditions de qualification requises et qui n'ont pas accès à une formation pédagogique. D'année en année la proportion des enseignants dûment qualifiés va en diminuant. Pour renverser cette tendance néfaste, il faut des mesures énergiques. Il ne suffit pas de quelques postes supplémentaires, mais il faut une politique de recrutement pluriannuelle adaptée, l'abandon de cette solution de facilité qu'est le recours systématique à des chargés de cours et la mise en place d'une formation permettant à un maximum de chargés d'éducation d'intégrer les différentes fonctions enseignantes.
A travers une réforme fondamentale de la formation des enseignants, tant du primaire que du secondaire, il faut viser à élargir le rôle qu'ils sont prêts à assumer dans le cadre du système éducatif. Tout en insistant sur le fait que le système éducatif a besoin d'acteurs spécialisés dans différents domaines (éducateurs, assistants sociaux, psychologues, personnel administratif et technique, etc...), il ne faut pas oublier que l'enseignant détient un rôle clé face à l'élève, qui demande à être pris au sérieux avec les dimensions multiples qui composent sa personnalité Au lieu de décomposer' les responsabilités selon l'orientation, l'émotionnel, le social, le sanitaire, etc...), il faut que l'enseignant se sente responsable et devienne capable de répondre aux multiples problèmes que rencontrent ses élèves. Il s'agit d'accroître sa polyvalence, mais aussi ses compétences sociales et ses capacités à travailler dans des équipes pluridisciplinaires variées formées, selon le cas, d'enseignants de différentes disciplines, de membres des services d'orientation, de membres du personnel éducatif intervenant dans l'école ou encore dans le domaine péri- et parascolaire, voire de membres du personnel technique et administratif ou encore d'intervenants extérieurs.
Or, depuis des années, les réformes nécessaires de la formation des enseignants traînent Qu'il s'agisse d'un renforcement du caractère scientifique de la formation des enseignants du préscolaire et du primaire ou de la déforme de la formation pédagogique et didactique des enseignants du secondaire, le courage politique commence à manquer dès que ces mesures demandent des investissements supplémentaires. Dans ce domaine on ne peut se contenter de changements superficiels qui n'affecteront en rien la pratique enseignante, mais il faut se donner les moyens pour mieux préparer les futurs enseignants afin qu'ils puissent répondre aux besoins des élèves aujourd'hui et de demain.
Il en va de même pour la formation continue des enseignants si l'on veut qu'ils tiennent vraiment compte de l'évolution des connaissances et des nouveaux besoins de la société.
Développer les activités
péri- et parascolaires
Afin de prendre en charge les missions éducatives traditionnellement confiées aux familles et auxquelles l'école ne peut faire face dans le cadre des heures de classe, il faut développer les activités péri- et parascolaires.
Il s'agit en partie de créer ou de renforcer des structures d'aide et l'accompagnement des élèves connaissant des difficultés scolaires: devoirs surveillés, cours renforcés, etc...
Toutefois, il faut veiller à ne pas attabler ces élèves d'une surcharge de travail répétitif. Il faut voir qu'on peut également renforcer les apprentissages à travers des activités ludiques favorisant à la fois les compétences sociales, cognitives et manuelles:
En tenant compte du fait que les loisirs participent également à l'éducation des enfants, la société ne peut laisser ce terrain entièrement à des associations privées ou aux intérêts commerciaux. Dans l'intérêt d'une égalité des chances pour tous les enfants, il faut créer une offre de journée prolongée regroupant des activités éducatives et ludiques.
Pour diriger ces activités il faut évidemment recruter un personnel éducatif dûment qualifié.