Poker au Lycée


Après le «Jeu de la Bourse», voici venue l'heure du «Poker au Lycée»!


Il y a quelques années, la Banque et Caisse d'Epargne de l'Etat a lancé dans les lycées luxembourgeois le « Jeu de la Bourse », dont le but consiste à augmenter un capital de départ fictif d'un montant de 50.000 euros en achetant et en vendant des actions, des participations dans des fonds d'investissement et des obligations sur les principales bourses européennes.

À celles et ceux qui reprochent à ce jeu d'abuser du cadre scolaire à des fins idéologiques et commerciales et de prôner l'esprit de spéculation et l'art de s'enrichir rapidement sans se fatiguer, « vertus » inhérentes au « capitalisme de casino » actuel, on répond un peu vite que ce jeu donnerait aux élèves la possibilité d'« apprendre la bourse » de manière ludique et qu'il poursuivrait ainsi un objectif pédagogique. Le fait est que nombre de professeurs de sciences économiques et sociales recourent sans états d'âme à ce jeu et que la plupart de leurs élèves semblent apprécier leur rôle de boursicoteurs de bas étage sans se poser de questions. Espérons du moins que ces enseignants remplissent leur devoir d'information objective et qu'ils élucident leurs protégés sur les méfaits de la spéculation et sur le mépris des maîtres du capitalisme financier pour les entreprises dont la rentabilité du capital descend au-dessous de 15 % !

Mais voici qu'une nouvelle étape vient d'être franchie dans l'adaptation de l'école publique luxembourgeoise à l'air du temps: alors qu'à l'occasion d'un récent débat à la Chambre, les députés se sont inquiétés qu'au Luxembourg un nombre grandissant de personnes deviennent victimes des jeux de hasard et d'argent, un tournoi de poker payant avec trois rounds a été organisé dans la salle des fêtes d'un Lycée secondaire luxembourgeois pour les élèves de ce lycée. La mise a été de 10 euros bien réels par round et les 6 premiers ont raflé respectivement 40%, 25%, 15%, 10%, 6% et 4% du Jackpot. Difficile cette fois de rattacher un quelconque objectif pédagogique à ce « projet » ! Difficile aussi d'envisager que l'enseignant et la direction qui ont donné leur aval ne se soient sentis interpellés par la mission d'éducation civique et sociale de l'école publique, diamétralement opposée au soutien de la passion du jeu de hasard et d'argent ! Incroyable finalement qu'ils ignorent que le jeu de hasard payant est strictement réglementé au Luxembourg et qu'ils s'exposent eux-mêmes à de graves sanctions administratives et pénales (*) en l'autorisant dans leur lycée ! Le stage pédagogique pour les enseignants du secondaire et secondaire technique et les cours de formation continue pour les directeurs d'établissement ont certainement un bel avenir devant eux !

Trouble-fête



(*) Loi du 20 avril 1977 relative à l'exploitation des jeux de hasard et des paris relatifs aux épreuves sportives.