L'évaluation de la qualité de l'enseignement

27.08.2003

L'évaluation de la qualité de l'éducation ne commence qu'à être discutée au Luxembourg.
En principe, il n'y a rien à en redire: qui en effet serait contre une amélioration de la qualité de l'enseignement qui procéderait forcément d'une telle évaluation ? Plus difficile en revanche de définir cette qualité ainsi que les méthodes d'évaluation de cette qualité, et de solutionner les problèmes qui se présentent. Dans un climat de politique budgétaire restrictive, on remarque que des mondes séparent l'enseignant(e), ses élèves et leurs parents d'une part, et les responsables politiques d'autre part. On découvre soudain que derrière l'idée apparemment simple et généreuse de la qualité de l'enseignement se cachent souvent les protagonistes de la logique libérale et du "marché de l'éducation" et qu'ils se confondent avec ceux qui propagent l'idée de l'autonomie scolaire.
Dans ce sens, le SEW/OGB-L vient de réagir à une proposition de "Recommandation du Parlement européen et du Conseil sur la coopération européenne en matière d'évaluation de la qualité de l'éducation scolaire" ainsi qu'au projet de l'Union européenne sur les "Indicateurs et repères de qualité rela tifs à l'éducation scolaire" et adressant au Comité syndical européen de l'éducation (CSEE) la position suivante.
Cette position devrait être intégrée dans le rapport du CSEE qui sera soumis à la réunion ministérielle de Bucarest en juin 2000.

"Pour le SEW/OGB-L, l'évaluation de la qualité de l'enseignement devra servir les élèves et non pas constituer un instrument pour différencier les traitements des enseignants, pour mettre en concurrence les établissements scolaires et pour transformer le système scolaire européen en un marché de l'éducation privatisé.
Le SEW/OGB-L est intéressé à obtenir des données sur la qualité de l'enseignement, mais
- ces données devront résulter d'indicateurs objectifs et comparables, choisis et mis en place en concertation avec les syndicats d'enseignants;
- ces données devront rester strictement internes et ne pas être divulguées à l'extérieur de l'établissement scolaire auxquel elles se rapportent (les enseignants et les chercheurs seront propriétaires de ces données !);
- ces données ne devront pas servir à établir un classement entre des établissements scolaires.
L'auto-évaluation d'un établissement scolaire, procédant e.a. de l'analyse de ces données devra se faire dans le cadre d'un contrat de confiance entre le ministère de l'éducation nationale respectif et l'école en question.
Un tel contrat de confiance impliquera notamment la mise à disposition des moyens financiers nécessaires pour résoudre les problèmes pédagogiques et organisationnels qui se dégageront de l'analyse.
Le SEW/OGB-L tient à rappeler que les difficultés auxquelles l'enseignement est confronté actuellement résultent en grande partie de la dégradation de la situation économique, du chômage et des programmes d'austérité infligés aux finances publiques en général et à l'éducation nationale en particulier.
Une augmentation de la qualité de l'enseignement ne saura être obtenue sans forte augmentation des budgets de l'éducation tant au niveau national qu'européen. Voilà une décision politique concrète que les enseignants européeens attendent maintenant avant toute chose de la part de leurs gouvernements."

Notons aussi que lors de son entrevue du 22 mars avec Madame la ministre de l'éducation nationale, le SEW a attiré l'attention sur le fait que le Luxembourg est représenté depuis deux ans dans un groupe d'expert-e-s, instauré par la commission européenne avec pour mission d'élaborer des critères pour mesurer la qualité de l'enseignement, sans que le SEW le sache officiellement. Il a demandé d'être tenu au courant des travaux de ce groupe et de la position que le ministère luxembourgeois y défend.

Guy Foetz