Avis sur le document de réflexion nouvelles critères de promotion
Le SEW partage les objectifs suivants :
1. harmonisation et transparence des critères de promotion
2. rôle plus important donné au conseil de classe
3. compensation possible d'une faiblesse sérieuse dans une (ou evt deux) branches
4. réduction des redoublements et démarche de remédiation.
Ceci dit, nous aimerions ajouter un certain nombre de commentaires à ces objectifs.
1. Harmonisation des critères de promotion
Nous nous demandons s'il n'est pas opportun de différencier entre le cycle inférieur et le cycle moyen/supérieur, étant donné que ce dernier spécialise davantage.
D'autre part, nous pensons qu'il ne faudrait pas permettre de compenser une note insuffisante dans une branche fondamentale pour la spécialisation choisie; encore devra-t-on déterminer quelles sont ces branches tout en veillant à limiter leur nombre ( à 2 p.ex.) pour chaque type de formation.
2. Rôle plus important donné au conseil de classe
Cela comporte évidemment le risque d'une plus grande subjectivité des décisions, voire d'un traitement discriminatoire des élèves. Pour s'y prémunir, il importe que les membres du conseil de classe soient parfaitement informé-e-s de l'orientation des différentes formations et des aptitudes et compétences nécessaires pour les entreprendre. Il faudra évidemment aussi définir des socles de compétences !
Est-ce que l'orientation proposée par le conseil de classe doit être contraignante ? L'avis de nos membres à ce sujet est partagé. L'option du texte tendant à responsabiliser les élèves et leurs parents et le fait que peu de parents contestent l'orientation de leurs enfants lors du passage primaire-postprimaire plaident en faveur d'une orientation non contraignante.
D'un autre côté le risque d'un engouement aveugle en direction de formations trop difficiles pour nombre d'enfants n'est pas négligeable.
3. Compensation possible d'une faiblesse sérieuse dans une ou deux branches
Alors que le système de compensation actuel (limite 27 et moyenne 35) soutient plutôt la médiocrité, le système proposé fixe la moyenne à un niveau tellement élevé qu'il risque de rendre quasiment impossible la compensation d'une faiblesse ponctuelle. Il faudra tester la réglementation proposée en l'appliquant aux résultats de l'année passée. Surgit aussi la question du nombre extrêmement élevé de branches dans certaines formations. Leur réduction agirait certainement aussi dans le sens d'une meilleure interdisciplinarité. Cette dernière réflexion, comme celle en direction d'un nombre restreint de branches obligatoires - les autres étant offertes sous forme d'options - dépasse évidemment le cadre du document de réflexion, mais elle n'en est pas moins nécessaire, croyons-nous.
4. Réduction des redoublements et démarche de remédiation
C'est à ce niveau que le texte sous revue nous semble demander le plus de compléments.
D'un côté, nous savons que les redoublements sont assez rarement efficaces et qu'il est légitime de les réduire. Par contre, nous percevons aussi le gâchis que comporte un déclassement (appelé pudiquement « réorientaion ») pour des élèves en crise de motivation. Nous profitons de l'occasion pour insister une nouvelle fois sur la nécessité économique et sociale - société de la connaissance oblige - d'augmenter le niveau de performances de nos élèves. Le rapport Fontagné nous conforte dans cette direction !
La voie médiane, préconisée par le document de réflexion, table sur la responsabilisation des élèves au moyen de contrats individuels et de chartes d'établissements et sur la remédiation en continu. Cette remédiation serait tout à la fois antérieure à l'échec prévisible ou postérieure à un ajournement ou un travail de vacances.
Il faut être conscient qu'un tel système de monitoring permanent - que nous appelons en principe de nos vœux - signifierait la mise en place d'un système scolaire sensiblement différent du système actuel. Il demanderait:
o la systématisation de l'évaluation formative ;
o l'instauration d'un tutorat dans toutes les classes (à raison d'une séance par semaine p.ex.),
o l'organisation d'activités de soutien scolaire à tous les niveaux dans tous les établissements ;
o la mise en place de moyens personnels et financiers considérables.
Nous restons sceptiques que ces moyens soient (puissent être - au vu de la pénurie d'enseignant-e-s) mis à disposition et nous craignons que la discussion se solde finalement par un surplus de travail des enseignant-e-s.
Les auteurs du texte semblent d'ailleurs vouloir laisser le MENFP à l'écart de la responsabilité: ainsi, au moment où ils parlent de la nécessaire «responsabilisation de tous les partenaires scolaires » (p.3), ils évoquent bien les enseignants, les élèves et les parents, tout en oubliant de mentionner le MENFP.
Restent quelques remarques et questions importantes :
a. Le document de réflexion utilise une terminologie disparate, qu'il faudra unifier. A titre d'exemple, les termes « activité de vacances » et « travail de révision » sont employés indistinctement. Y attache-t-on des sens différents ?
b. Le point 5 (p.4) dit que « la charte scolaire peut prescrire une démarche commune pour les mesures de remédiation ». S'agirait-il d'y fixer les mesures d'appui scolaire ou est-ce que les établissements pourraient décider librement dans quelle situation un conseil de classe prononcerait une admission avec remédiation, un redoublement ou une réorientation. La notion de « mesure de remédiation » reste donc à clarifier !
c. Aucune mesure de remédiation sous forme d'appui n'est prévue en cas de compensation d'une note insuffisante. Pourquoi ?
d. Le paragraphe « La réorientation » suggère que le conseil de classe « peut orienter l'élève qui n'est plus soumis à la scolarité obligatoire vers la vie professionnelle. » Que veut-on dire par là ? Ne faudrait-il pas remplacer le terme « vie » professionnelle par celui de « formation » professionnelle ?
e. Dans la partie qui traite de l'admission avec remédiation (p.9 ), l'injonction est faite au conseil de classe que le travail de révision pendant les vacances d'été puisse être fait par l'élève endéans les 40 heures (endéans les 10 heures lorsqu'il s'agit d'un travail de révision pendant les vacances de Noël ou de Pâques). Nous trouvons qu'il est aberrant de prescrire de telles durées, étant donné que cela dépend de l'élève, de son retard, de son rythme, .
Quant à l'aide offerte par le lycée (technique) pour accomplir l'activité de vacances, rien n'est prévu. Ne faudrait-il prévoir un soutien scolaire tout comme pour les ajournements actuels ?
f. En mettant l'Instruction religieuse à pied d'égalité avec les autres branches B, le système proposé en accroîtrait encore davantage le poids. Or l'Instruction religieuse est une branche purement idéologique qui ne devrait pas faire partie du calcul de la moyenne.
Luxembourg, le 3 janvier 2005