Avis du SEW/OGB-L sur le projet de règlement grand-ducal déterminant l'évaluation et la promotion des élèves de l'enseignement secondaire technique et de l'enseignement secondaire

03.05.2005

Remarque préliminaire fondamentale:

Comme le stipule l'Exposé de motifs, « Il est clair qu'une harmonisation des critères de promotion […] ne peut pas tenir lieu de réforme scolaire ». Or il est évident que c'est exactement cela qu'il faudrait: une vraie réforme, qui ne se borne plus à une simple modification des « calculs d'épicier » qui ont cours dans nos lycées. Dans ce sens, le SEW part du principe et espère qu'il s'agit plutôt ici d'une mesure transitoire sur le chemin d'une telle réforme en profondeur. Des pas dans la bonne direction sont et seraient à nos yeux entre autres:
- une analyse approfondie de l'apprentissage des langues dans l'enseignement luxembourgeois
- la détermination des compétences que les enfants et adolescent/es doivent avoir atteint à un certain moment de leur carrière scolaire
- une séparation plus tardive des élèves en différentes voies de formation
- une réorganisation des contenus et des méthodes d'enseignement
- une évaluation plus formative
- une réforme de l'enseignement primaire dans le sens d'un soutien individualisé des élèves dès les premières années.

Le projet de règlement ne correspond nullement à ce type d'objectifs: une fois de plus, on ne touche qu'aux règles de jeu qui régissent la promotion. Le seul élément qui paraît aller plus loin est l'idée d'une remédiation systématique. En l'absence de moyens, il est cependant à craindre que cette idée ne puisse être réalisée comme il faut. Puisque le système présenté permettra sans doute à un plus grand nombre d'élèves de réussir par compensation ou d'accéder à des voies de formation plus exigeantes, ces élèves risquent d'échouer aux cycles moyen ou supérieur si les mesures de remédiation ne sont pas très efficaces, ce qu'elles ne sauraient être sans ressources supplémentaires massives. Par ailleurs, au-delà de l'aide purement cognitive, beaucoup d'élèves nécessitent un soutien affectif ou psychologique.
Dans cet ordre d'idées, des équipes pluridisciplinaires s'imposent .

Ceci dit, le SEW partage les objectifs suivants du projet de règlement :

- l'harmonisation et une plus grande transparence des critères de promotion
- le rôle plus important accordé au conseil de classe
- la compensation possible d'une sérieuse faiblesse dans une, voire parfois deux branches
- l'idée de la remédiation..

Les critiques fondamentales:

Etant donné que le SEW est d'avis qu'il faudrait enfin une réforme en profondeur plutôt qu'une modification pure et simple des critères de promotion, nous nous limitons dans ce qui suit aux seuls inconvénients majeurs du projet de règlement:

Article 3: Information de l'élève et des parents de l'élève
Point 4:
Afin d'éviter une surcharge évidente du ou de la régente - qui est par ailleurs titulaire d'autres classes où il rencontre également les parents de ses élèves!- il faudrait limiter l'obligation de convoquer les parents aux seul/es élèves en difficulté. Ceci dit il est évident que les parents doivent avoir expressément le droit de demander un entretien au régent ou à la régente dans tous les cas.

Article 5: La démarche de remédiation
Les mesures de remédiation, telles qu'elles sont prévues par le texte nécessitent d'énormes ressources humaines et financières. Nous savons que les appuis tels qu'ils fonctionnent actuellement sont peu efficaces. Or il est impossible de développer de nouvelles formes d'appui si les lycées ne disposent pas de personnel qualifié supplémentaire ainsi que de matériel didactique approprié. Comment le ministère envisage-t-il de résoudre ce problème fondamental jusqu'au mois de septembre ?

Article 6: Promotion
Il nous semble utile de prévoir une note seuil de 20 points pour compenser.
Nous continuons par ailleurs à trouver inadmissible que la note d'instruction religieuse et morale respectivement de la formation morale et sociale compte pour la moyenne.
Etant donné le nombre de branches élevé dans le cycle inférieur de l'enseignement secondaire par exemple, les élèves pourront réussir même s'ils présentent des notes insuffisantes dans 3 branches principales. Nous doutons que ces élèves aient une chance de poursuivre une scolarité satisfaisante.
Dans cette version du projet de règlement, les différentes voies de formation dans le cycle inférieur de l'enseignement secondaire technique sont maintenues expressément. Qu'en est-il du projet-pilote PROCI ?

Article 7: L'ajournement
En l'absence de critères clairs, on peut craindre que la décision ne se fasse pas toujours de manière équitable d'un/e élève, d'une classe ou d'un lycée à l'autre. Ceci dit nous trouvons positif que l'ajournement soit individualisé et qu'il permette ainsi à l'élève de combler des lacunes qui lui sont propres.

Article 8: La décision de promotion en classe de 4e ou en classe de 9e
Point 1 :
Il nous semble plus qu'inapproprié de vouloir déjà établir un « profil d'orientation » pour un/e élève de 7e ES ou EST. D'ailleurs, que faut-il exactement entendre par là ?
Points 2 (4e), 4 (9e polyvalente) et 5 (9e pratique):
Nous proposons de changer à chaque fois la formulation de "une moyenne de 38 points au moins pour les notes annuelles en langues" (où on pourrait comprendre que l'élève doit avoir une moyenne de 38 dans chacune des langues, ce qui nous paraît trop sévère) en: « si en sus la moyenne des notes annuelles en langues est de 38 points au moins ».
Point 8:
L'idée d'organiser des 10e de transition nous semble totalement irréaliste telle qu'elle est présentée dans ce projet. En plus nous trouvons inadmissible de transférer toute la responsabilité de l'organisation de ces classes aux directions des différents lycées techniques. Il est en effet à prévoir que le nombre d'élèves en échec sera énorme. Pourquoi ne pas carrément songer à la création d'une 10e d'orientation, un peu à l'instar de la 4e?

Article 9: Le redoublement
Le SEW pense qu'au cycle inférieur, il faudrait limiter le nombre de redoublements à un redoublement volontaire étant donné que le système est beaucoup plus permissif qu'auparavant. D'autant plus que le conseil de classe peut toujours permettre le redoublement s'il le juge opportun et que la mesure du redoublement en soi n'est pas efficace, comme le montrent les études. Pour ce qui est des mesures de remédiation, le SEW se pose la question qui encadre les élèves, puisque les lycées n'en ont pas les ressources nécessaires jusqu'ici.
Dans cet article, il nous semble par ailleurs y avoir une contradiction dans le texte, quand il est question de « s'inscrire une troisième fois dans une classe de 10e » alors qu'on lit un peu plus bas que le nombre total des redoublements est limité à « 2 au total pour »" les classes de 10e, 11e et 12e. Il faudrait une formulation plus claire à notre avis..

Article 10: Passerelles
Point 2:
Il nous paraît hasardeux d'exiger de l'élève qui veut passer de l'enseignement secondaire technique à l'enseignement secondaire seulement une moyenne générale annuelle d'au moins 45 point sans prévoir de note seuil en mathématiques et dans au moins une langue. Il est à prévoir que les élèves en question échoueront dans les classes de l'enseignement secondaire, comme c'est déjà bien souvent le cas actuellement, avec le bilan de 50.

Luxembourg, le 29 avril 2005