Réponse de l'Intersyndicale à la lettre de Mme Delvaux aux enseignants
Chère collègue,
Cher collègue,
Suite au courrier du 3 avril 2006 de Madame la Ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle au sujet de l'entrevue du 23 mars 2006 sur la tâche de l'enseignant, les délégué/e/s de l'Intersyndicale s'adressent à leur tour à vous pour réfuter les accusations articulées à leur encontre. En effet, en réponse à la retenue appropriée de la part de l'Intersyndicale, qui a préféré informer et consulter les professeurs avant d'entamer des démarches syndicales de quelque ordre que ce soit, Madame la Ministre a choisi de se servir de la voie hiérarchique pour lancer certaines accusations contre la délégation de l'Intersyndicale.
Madame la Ministre reproche à l'Intersyndicale de répandre des informations qui ne reflètent que partiellement ses propos.
L'Intersyndicale comprend cette critique dans la mesure où, au début de l'entrevue, Madame la Ministre avait choisi d'expliquer et de commenter un document, à savoir le nouveau Profil de l'enseignant, que tous les professeurs connaissaient déjà, tandis que la question de la « tâche qui en découle » ne fut aucunement abordée. Dans son communiqué adressé à la presse le 24 mars, l'Intersyndicale n'a d'ailleurs pas manqué de présenter les quatre « piliers » sur lesquels la ministre se propose de fonder une « redéfinition qualitative » de la tâche du professeur.
Or l'Intersyndicale, dont le premier devoir est de défendre les intérêts et les conditions de travail des professeurs, s'intéressait aussi et tout particulièrement aux arrière-pensées que semble cacher ce « nouveau profil de l'enseignant ». En effet, face aux rumeurs et aux on-dit qui sont allés bon train au cours des semaines écoulées, les délégué/e/s syndicaux ont estimé que les enseignants, en tant que premiers concernés,ont le droit de savoir ce que mijotent les acteurs du MENFP. Et c'est de cela qu'il fut question dans la deuxième partie de l'entrevue.
Il est vrai que l'Intersyndicale s'est effectivement retenue, dans une première démarche, de révéler tous les propos articulés par Madame la Ministre lors de cette partie de l'entrevue, voire de les divulguer dans la presse. Les syndicats ont en effet décidé de se limiter, dans un premier temps, à informer les professeurs des trois mesures principales annoncées avec détermina tion par la ministre et concernant la « tâche quantitative » et, partant, les acquis sociaux. Et ceci sans autre commentaire !
Face aux insinuations de Madame la Ministre qui impute aux délégué/e/s de l'Intersyndicale des intentions malveillantes voire malhonnêtes, les soussignés expriment leur indignation et leur profonde déception. Ils regrettent que Madame la Ministre mette ainsi à mal la notion de dialogue social - tradition luxembourgeoise qui, jusqu'ici, a porté ses fruits ! Ils déplorent également que leur ministre de tutelle ait choisi de s'adresser à eux dans une lettre ouverte diffusée par la voie hiérarchique.
Dans son courrier du 3 avril 2006, Madame la Ministre accuse les neuf délégué/e/s des trois syndicats de professeurs d'avoir été incapables de comprendre voire d'avoir sciemment détourné ses propos. L'Intersyndicale souligne que le respect mutuel et un climat de sérénité sont des conditions nécessaires et indispensables au dialogue social.
Lors de la réunion du 23 mars 2006, Madame Delvaux a fait part clairement et sans ambiguïté aucune de sa « détermination » de réaliser ses projets, avec ou sans l'aval des syndicats. L'offre de discuter se limitait à un ultimatum: La ministre prendrait un règlement grand-ducal en matière de redéfinition de la tâche dès le mois de mai.
En ce qui concerne le volet « redéfinition quantitative de la tâche », les intentions de Madame la Ministre ne furent pas moins claires: la lettre ministérielle de 1965 ainsi que la première décharge pour ancienneté ont été déclarées « abolies ». De même, les coefficients ont été déclarés « en général trop élevés »; la ministre a annoncé qu'ils seront réexaminés et ajustés vers le bas. Enfin, la volonté que le professeur « enseigne plus et soit davantage présent dans l'établissement en plus des leçons prestées devant les élèves » a été exprimée et répétée sans qu'il subsiste l'ombre d'un doute. Finalement, la ministre a même « menacé » de publier dans la presse l'un ou l'autre horaire d'un professeur si les syndicats avaient l'intention de hausser le ton.
Rappelons que la redéfinition quantitative de la tâche telle que Madame la Ministre l'a envisagée lors de notre entrevue du 23 mars 2006 consiste en :
1) l'abrogation de la lettre ministérielle du 30 mars 1965 ? cela signifie 2 heures de travail/semaine en plus !
2) l'abrogation de la première leçon de décharge pour ancienneté ? cela signifie 2 heures de travail/ semaine en plus !
3) une révision à la baisse des coefficients ? cela signifie x heures de travail/semaine en plus !
LIntersyndicale mettra en oeuvre tous les moyens à sa disposition pour empêcher cette tentative de démantèlement massif déléments constitutifs de la carrière des professeurs fonctionnaires.
La délégation de l'Intersyndicale
Emmanuel Bock (APESS)
Francis Lech (APESS)
Alain Wagner (APESS)
Roger Roth (FEDUSE)
Claude Heiser (FEDUSE)
Pierre Mergen (FEDUSE)
Guy Foetz (SEW)
Simone Flammang (SEW)
Jacques Maas (SEW)