Stage pédagogique- Lettre à la ministre 12-1998
Madame le Ministre,
La formation initiale et continue des enseignants a toujours été un sujet privilégié par le SEW-OGBL dans sa démarche pour une meilleure école publique; nombreuses ont été les contributions de notre syndicat à la réforme du stage pédagogique des professeurs de l'enseignement secondaire et supérieur.
Or, depuis plus d'une année déjà, nous n'avons plus reçu d'information de la part de vos services sur l'avancement de cette réforme.
Par ouï-dire, nous savons que la réforme aurait été reportée à l'année scolaire 1998/99, d'une part en raison du manque de titulaires pouvant prendre en charge les leçons des stagiaires, qui, dans le stage réformé seront libérés de la responsabilité d'une classe au cours de la première année du stage, d'autre part parce que les travaux de mise en oeuvre auraient pris du retard.
Autre élément d'information: dans le cadre de leurs fonctions dans le stage pédagogique actuel, certains de nos membres se sont vus présenter un projet de structure et de d'organisation du nouveau stage, élaboré par un groupe de travail.
Comme enseignants naturellement intéressés par le sujet; comme syndicalistes mesurant l'impact de la formation sur la qualité de l'enseignement et les conditions de travail de nos membres, nous nous permettons de soulever un certain nombre de questions:
- Qui fait partie de ce groupe de travail ?
- Comment ces personnes ont-elles été choisies ?
- Pourquoi les syndicats en ont-ils été écartés, contrairement à ce qui avait été convenu entre votre prédécesseur et l'Intersyndicale ?
- Comment se réalisera concrètement la nouvelle organisation du stage ?
* le MENFP laissera-t-il le champ libre au conseil d'administration du CUL, institution autonome depuis la nouvelle loi sur l'enseignement supérieur ou bien lui imposera-t-il un cahier de charges précis ?
* quel sera le contenu de ce cahier de charges quant aux matières à enseigner et quant aux modalités de choix des chargés de cours et des tuteurs ?
- Pour quelle raison crée-t-on deux catégories d'enseignants (professeurs et répétiteurs) en faisant du mémoire un élément de carrière extérieur au stage proprement dit ?
Nous estimons que la réforme du stage pédagogique constitue une étape décisive pour améliorer la qualité de l'enseignement postprimaire luxembourgeois; elle devra permettre de faire face aux défis croissants de la profession d'enseignant aussi bien dans l'enseignement secondaire que dans l'enseignement secondaire technique.
A observer la manière dont les choses évoluent pour le moment - huis clos des débats au sein d'un cercle d'initiés choisis par le MENFP, absence totale de discussion publique contradictoire-, nous avons l'impression que la prémisse donnée au départ a été celle de ne brusquer personne et de changer le moins possible, suivant l'adage: "on prend les mêmes et on recommence". Si tel a été la cas, le résultat sera à la mesure de cet objectif minimaliste.
Notamment dans l'enseignement secondaire technique, de nouvelles méthodes d'enseignement et d'évaluation ont vu le jour au cours des dernières années; elles devront sans doute trouver leur place dans les programmes du stage rénové.
Notamment le document de réflexion du CSEN sur le profil de l'enseignant contient toute une série d'éléments sociaux carrément exclus du stage actuel, centré exclusivement sur la communication de savoir.
Dans le nouveau stage, il faudra accorder beaucoup plus d'attention au rôle éducatif de l'enseignant.
Notamment la question de la formation des formateurs est essentielle; il faudra en faire à moyen terme une condition sine qua non d'une participation à la formation des stagiaires !
En conclusion de nos constatations et réflexions, nous vous demandons, Madame le Ministre
- d'intégrer le mémoire (pédagogique !) dans le stage et de faire abstraction de la fonction de répétiteur;
- de lancer un débat sur les programmes et l'organisation futures du stage rénové, ouvert à tous les enseignants qui voudraient y participer;
- d'imposer au conseil d'administration du CUL, par la voie d'un cahier de charges, un procédé de recrutement transparent des futurs chargés de cours et tuteurs, par voie d'annonces à afficher dans tous les lycées et lycées techniques et de critères de sélection connus d'avance et vérifiables;
- de faire de la formation des formateurs un élément clé du stage réformé.
Veuillez agréer, Madame le Ministre, l'expression de notre haute considération !
Luxembourg, le 2 juin 1997 Les membres du comité secondaire du SEW-OGBL