Passage 9e-10e: des critères de promotion trop sévères !
Avec le but déclaré de limiter le taux d'échec en classe de 10e, le Ministère de l'Education nationale, de la Formation professionnelle et des Sports (MENFPS) a introduit cette année un nouveau règlement grand-ducal fixant des critères de promotion très sévères et visant notamment à réduire le nombre d'élèves admis-e-s au cycle moyen du régime technique. Maintenant, après un bilan provisoire basé sur les notes des deux premiers trimestres, les élèves, leurs parents et de nombreux enseignant-e-s sont choqué-e-s: dans certains lycées, ce ne serait qu'un quart des élèves de 9e qui rempliraient les conditions nécessaires pour être admis-e-s à une classe de 10e du régime technique. Or, n'avait-on pas assuré aux élèves et à leurs parents que le lycée technique offrirait l'opportunité d'obtenir un bac technique, équivalent au bac classique ? Il s'avère maintenant que cette chance est en réalité bien minime et que la sélection qui est fondée majoritairement sur les notes obtenues en langues écarte d'office un grand nombre d'élèves doué-e-s pourtant dans d'autres matières.
Le Ministère essaie de calmer les esprits en publiant une « statistique » basée sur les résultats des élèves de 9e théorique de 5 établissements. Selon cette enquête, 276 élèves auraient obtenu une admission au régime technique selon les anciens critères de promotion alors que 193 élèves obtiendraient cette admission selon les nouveaux critères. Or, le lecteur avisé ne peut écarter le soupçon que le Ministère a choisi avec soin les 5 établissements en question, afin de dédramatiser la situation. Il y a en effet des lycées techniques dans lesquels les chiffres sont autrement désastreux. Pourquoi ne pas jouer cartes sur table et publier les statistiques de tous les lycées techniques du pays ?
En général, les avis d'orientation provisoires tenant compte des résultats des deux premiers trimestres montrent que le MENFPS est allé beaucoup trop loin avec sa nouvelle réglementation. A présent, faute de pouvoir revenir sur le nouveau texte, le MENFPS instruit les conseils de classe à l'interpréter le plus largement possible afin de limiter les dégâts.
Rappelons que le SEW s'était prononcé contre le renforcement des conditions d'accès au cycle moyen, qui - on le voit maintenant - conduira à une prépondérance des formations professionnelles moins exigeantes dans nos lycées techniques. Le problème du taux d'échec élevé en 10e n'est pas réellement résolu par le renforcement des critères de promotion. Pour relever le niveau des élèves, il faut attaquer le problème à la racine, c'est-à-dire :
- s'occuper des élèves en difficulté dès le début de leur scolarité,
- prendre à bras-le corps le problème des langues,
- mettre en œuvre une pédagogie plus motivante et apprendre aux élèves à être des acteurs responsables et autonomes tout en proposant des aides individuelles à ceux-celles qui en ont besoin.
Ce nouvel épisode dont beaucoup d'élèves feront les frais montre à nouveau que notre système scolaire souffre de l'absence de vraies réformes à moyen et à long terme.
Luxembourg, le 17 mai 2004 Communiqué par le SEW/OGB-L