Quel gâchis !
Vote du projet de loi n°4893 :
Quel gâchis !
A vouloir satisfaire tout le monde, Madame Brasseur, suivie docilement par sa majorité gouvernementale au parlement, aura réussi à provoquer un beau grabuge qui risque de s'installer pour un temps encore dans nos écoles préscolaires et primaires.
Ce n'est pas parce que et les chargés de cours et les instituteurs se révoltent contre une loi qu'elle constitue un bon compromis, bien au contraire. Si au moins ce texte aurait permis un retour au calme et à un certaine sérénité dont nos écoles auraient grand besoin, on aurait pu comprendre l'empressement dont on a fait preuve pour le faire passer.
Malheureusement, l'article 16 (ancien article 15) qui permet aux communes d'engager à durée indéterminée la plupart des chargés de cours actuellement en service créera inévitablement des tensions importantes au sein des communes lors de la publication des postes vacants et lors des nominations des instituteurs. Car par ailleurs la loi est tout à fait claire et après le renforcement de l'article 9 il n'y a aucun doute que les communes doivent publier tous les postes qui ne sont occupés par du personnel breveté et que c'est le personnel breveté qui a la priorité absolue pour être nommé à ces postes.
Il en résultera au sein de chaque commune des affrontements incessants autour de la publication des postes et des nominations. Cela ouvre un vaste champ d'action aux syndicats des instituteurs qui devront pouvoir se relayer sur leurs membres dans les différentes communes pour leur signaler les enjeux au cas par cas. Le SEW/OGB·L s'apprête à réagir à toutes les irrégularités dont il aura connaissance. C'est bien le seul moyen que nous avons à notre disposition pour limiter les dégâts provoqués par le vote de la loi.
En dehors du dommage moral causé à la profession de l'instituteur par la dérogation à l'article 41 de la loi scolaire de 1912 qui ne permettait l'engagement de personnel non breveté que de façon temporaire, il faut maintenant éviter que la nouvelle loi n'empêche la résorption de la pénurie.
Car avec des promotions gravitant autour de 200 instituteurs et institutrices brevetés nous sommes sur la bonne voie et nous pourrons même affronter le défi des 700 000 habitants. Il n'y a qu'à comparer ce chiffre à celui des 40 ou 50 instituteurs et institutrices qui sortaient de l'IP et de l'ISERP au cours dans les années 80 pour constater que le vent a tourné. Si nous avions eu les promotions actuelles il y a une quinzaine d'années, aucun chargé de cours n'aurait été engagé.
Pour surmonter le dommage moral que nous avons subi avec le maintien de l'article 16, nous avons deux atouts importants qu'il faudra savoir utiliser à fond. Il s'agit d'une part de l'article 9 qui donne la priorité absolue pour l'occupation des postes aux instituteurs et institutrices brevetés et d'autre part du nombre de jeunes gens qui sont actuellement en formation pour se préparer à la profession.
Il faudra tout mettre en œuvre pour que le nombre des nouveaux recrues ne diminue pas au cours des prochaines années.
Le temps n'est pas à la résignation, mais à la mobilisation. Contrôler le respect scrupuleux de l'article 9, mais aussi augmenter l'attrait de la profession pour assurer un recrutement adéquat, tels sont les enjeux pour le futur.
Monique Adam