Nouveaux artifices arithmétiques versus réforme en profondeur
Depuis la création de l'Enseignement secondaire technique en 1979, le Ministère de l'Education nationale et de la Formation professionnelle vient de proposer sa 6e (!) réforme des critères de promotion destinée à remédier à l'échec scolaire, particulièrement sensible dans le cycle inférieur.
Malheureusement, à notre avis, le MENFP se limite une nouvelle fois à proposer des artifices arithmétiques, destinés à masquer l'échec au lieu d'adapter les contenus et les méthodes d'enseignement des classes de 7e, 8e et 9e au profil des élèves de cet ordre d'enseignement.
A vrai dire, les programmes du cycle inférieur de l'EST ne constituent bien souvent qu'une version tronquée des programmes de l'enseignement secondaire (classique), qui visent pourtant des élèves avec un profil et une orientation de formation tout à fait différents.
Une réforme des contenus du cycle inférieur de l'EST selon un concept global (et non seulement branche par branche) et à partir d'objectifs de formation propres à l'enseignement technique s'impose depuis longtemps.
La réforme des méthodes nécessite, quant à elle, une réforme de la formation initiale des professeurs (stage pédagogique)et une solide formation continue pour touTEs les enseignantEs.
Cette critique de principe à l'encontre du projet du MENFP nous empêche d'entrer dans le détail des mesures proposées, dont certaines, comme l'abolition des coefficients ou l'interdiction de redoubler plus d'une fois dans le cycle inférieur, sont du moins contestables.
Néanmoins le SEW-OGBL tient à approuver l'idée directrice de certaines mesures, tout en leur reprochant d'être trop imprécises et hésitantes et de ne pas tenir compte des conditions de travail réelles dans les lycées techniques.
- Ainsi, la réforme vise à mieux motiver les élèves grâce à une note "profil", obligeant chaque enseignantE d'ajouter entre 0 et 6 points à la moyenne annuelle de chaque branche.
Les modalités d'exécution de cette mesure posent cependant des problèmes de taille: les effectifs de classe élevés, le nombre réduit de leçons hebdomadaires pour certaines branches
(1 ou 2), l'absence de critères d'évaluation, risquent d'ouvrir la voie au pur arbitraire.
- Une autre mesure, sympathique et nécessaire dans l'absolu, mais qui reste à être approfondie et définie avec plus de précision, constitue la prétendue réduction du nombre de branches de promotion (un nombre beaucoup moins élevé étant d'ailleurs monnaie courante dans les pays voisins).
En réalité pourtant, le projet du MENFP maintient le même nombre de cours différents, tout en regroupant plusieurs matières (lesquelles ?) au sein de branches de promotion. Résultat de cette demi-mesure, si elle était réalisée: les élèves resteraient confrontéEs à la même masse de contenus, au même enseignement hétéroclite, au même nombre trop élevé de titulaires, et seraient donc aussi désorientéEs qu'auparavant.
D'autre part, le projet du MENFP semble ignorer un facteur fondamental de l'échec scolaire dans le cycle inférieur de l'EST: la langue véhiculaire utilisée.
En laissant aux élèves le choix de la langue véhiculaire, beaucoup d'échecs dans des branches comme la géographie, l'histoire, les mathématiques, ... pourraient être évités !
Par ailleurs, pour les élèves francophones, le passage du cycle inférieur au cycle moyen devrait être rendu possible dans une large gamme de métiers où on n'offre jusqu'à présent qu'une formation professionnelle en allemand !
Or rien de tel n'est envisagé dans le projet !
Enfin, en dehors de toute réforme des critères de promotion, voire même des contenus et des méthodes, si importante et urgente qu'elle soit, le SEW-OGBL voudrait souligner l'importance capitale d'un meilleur encadrement de l'élève par ses enseignantEs. Un tutorat, tel qu'il existe dans les classes préparatoires permettrait aux régentEs de mieux s'occuper de ces jeunes en plein âge ingrat, dépourvuEs bien souvent du soutien actif de leur famille, confrontéEs à des problèmes d'organisation, d'apprentissage, de choix de la voie pédagogique appropriée, etc.
Dans ce contexte, il est tout aussi important d'insister sur le contact entre les enseignantEs et les parents de leurs élèves.
Ce contact pourrait favoriser, entre autres mesures telles que campagnes et réunions d'informations, une bonne orientation des élèves et éviter que certainEs jeunes ne redoublent à plusieurs reprises pour finir leur carrière scolaire trop souvent sans aucun diplôme, faute d'avoir changé assez tôt de voie pédagogique.
Bien évidemment, les enseignantEs doivent être préparéEs à une telle tâche et être matériellement à même de l'accomplir, ce qui montre une fois de plus, combien une réforme du stage pédagogique et une bonne formation continue sont importantes, tout comme un nombre raisonnable d'élèves par classe ... .
Comme quoi tout se tient !
Communiqué par le SEW-OGBL