Le 5 octobre, Journée mondiale des enseignants
« Des enseignants qualifiés pour une éducation de qualité », tel est le thème de la 7e journée mondiale des enseignants en 2001. Cette journée est organisée conjointement par l'Internationale de l'Education et l'UNESCO et célébré par tous les membres de ces deux organisations.
Le SEW/OGB-L, membre de l'Internationale de l'Education, souligne l'importance d'une éducation de qualité pour l'enseignement public au Grand-Duché et il doit constater que deux ans après l'ouverture de la perspective d'une « offensive de l'éducation » par la Ministre de l'Education Nationale, de la Formation Professionnelle et des Sports, une amélioration qualitative de la situation n'est toujours pas en vue.
Certes, l'enseignement ne constitue pas un domaine où les réformes se réalisent du jour au lendemain. Certes, à l'heure actuelle, des projets de réforme sont en cours dans tous les ordres d'enseignement. Pourtant, aucun de ces projets n'a abouti jusqu'à présent et l'envergure des réformes prévues n'est nullement à la mesure des déficits accumulés au cours des 15 dernières années.
S'il est vrai que les investissements dans les établissements scolaires ont été énormes depuis 1999, il reste que les infrastructures adéquates continueront à faire défaut à plus ou moins long terme. Alors que depuis 1990, des générations d'élèves ont passé leur scolarité dans des conteneurs en raison d'une politique d'investissements insuffisante lors des trois législatures passées, la situation ne va guère s'améliorer d'ici 2010.
Quant aux enseignant-e-s qualifié-e-s, garant-e-s d'une éducation de qualité, ils constituent une denrée plutôt rare dans notre pays et les nouveaux établissements risqueront le chômage technique faute de personnel enseignant en nombre suffisant. Voilà le résultat de l'irresponsable politique d'austérité, pratiquée par nos gouvernants au niveau du recrutement d'enseignant-e-s qualifié-e-s depuis le milieu des années 1980, et qui ne se trouve compensée à l'heure actuelle que de manière hésitante.
La constatation de l'Internationale de l'Education que dans la société de la connaissance, la compétence professionnelle d'un enseignant est un catalyseur pour l'apprentissage, devrait mériter l'attention particulière des décideurs politiques. Les chiffres luxembourgeois sont alarmants, et cela particulièrement dans le régime préparatoire de certains lycées techniques, où le nombre des chargé-e-s de cours commence à dépasser celui des enseignant-e-s qualifié-e-s !
Comme si cela ne suffisait pas, voici que les élèves du régime préparatoire d'un lycée technique de la Ville de Luxembourg se voient privés des cours d'éducation physique, la salle de gymnastique prévue à cet effet ayant été mise à la disposition d'un lycée privé. Faux-pas malencontreux - mais pas moins scandaleux pour autant - ou signe prémonitoire d'une politique scolaire au détriment de l'école publique ?
Conformément à l'accord de coalition, Madame Brasseur prépare actuellement le terrain pour financer les infrastructures des écoles privées par des deniers publics. Le SEW/OGB-L est strictement opposé à un tel financement. En effet,
- il se ferait au dépens du développement de l'école publique ;
- il engendrerait une bipartition de notre système d'enseignement en deux ensembles d'infrastructures, deux corps d'enseignants et deux systèmes d'évaluation, ce qui constituerait une aberration économique dans un pays aussi petit que le nôtre, sans parler de la perte du ciment d'intégration sociale que fournit l'école publique unitaire actuelle au Luxembourg ;
- enfin, il aboutirait à une marchandisation de l'enseignement et des diplômes.
Or, l'enseignement n'est pas une marchandise et nos femmes et hommes politiques ont le devoir d'investir l'argent des contribuables dans le développement d'écoles publiques performantes, idéologiquement indépendantes et accessibles à tous, plutôt que d'établissements scolaires privés confessionellement liés et/ou enclins au favoritisme envers leurs clients. En ce sens, il faut soutenir les démarches de l'Internationale de l'Education visant à mobiliser l'opinion publique pour empêcher les gouvernements de livrer l'enseignement au commerce !
Nos dirigeant-e-s politiques ne cessent de conjurer la responsabilité des enseignant-e-s pour l'éducation des générations futures. Ils y font régulièrement appel dans leurs discours du dimanche tant pour parer aux déficits des structures familiales que pour sauver la face de l'éthique dans un monde dominé par des intérêts financiers sauvages. Cette journée mondiale tient aussi lieu de remerciement à tou-te-s les enseignant-e-s responsables qui fournissent chaque jour une éducation de qualité sous des conditions de travail qu'on peut parfois qualifier d'intolérables et qui, dans un monde plus complexe et plus révoltant que jamais, persévèrent à former de jeunes adultes ayant le sens de la responsabilité et du respect. Dans leurs oreilles, un slogan comme le « back to basics » sonne creux et il est synonyme d'immobilisme et d'une approche rétrograde.
Concluons en disant que loin de céder au pessimisme, le SEW/OGB-L croit aux potentialités de l'école publique luxembourgeoise. Il demande aux responsables politiques d'assumer leurs responsabilités et d'y consacrer les moyens financiers et personnels nécessaires afin de réaliser une vraie offensive de l'éducation.
Luxembourg, le 4 octobre 2001
SEW/OGB-L