Formation initiale des futurs professeurs E7: Mémoire des syndicats APESS, FEDUSE/Enseignement-CGFP et SEW/OGBL (Journal 1/2008)

03.12.2007

Le mardi 20 novembre les trois syndicats APESS, FEDUSE/Enseignement-CGFP et SEW/OGBL ont été invités à une réunion d'information et d'échanges de vues par les ministres de la Fonction publique, de l'Education nationale et de la Formation professionnelle et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Les trois membres du gouvernement ont fait part à cette occasion aux représentants des syndicats de la décision du gouvernement selon laquelle la qualification de base exigée dorénavant pour l'accès aux carrières supérieures de la Fonction publique et notamment au concours de recrutement pour le stage pédagogique des professeurs E7 sera un master tel qu'il est défini par les accords de Bologne.

D'autre part, le ministre de la Fonction publique et la ministre de l'Education nationale ont précisé de leur côté que pour pouvoir accéder à la fonction de professeur E7, il est prévu que le futur aspirant au stage pédagogique devra se prévaloir d'un master qui, ou bien correspondra à la branche qu'il se destine à enseigner, ou bien se situera dans le domaine des sciences de l'éducation. Dans ce dernier cas il faudrait avoir obtenu au préalable le grade de bachelor dans une spécialité correspondant à une branche enseignée dans nos lycées et/ou lycées techniques.

Les représentants des trois syndicats saluent unanimement la décision du gouvernement de fixer au grade de master le seuil d'accès à la carrière du professeur E7. Ce choix permet de maintenir des critères de qualité indispensables lorsqu'il s'agit de préparer les élèves de l'enseignement secondaire et secondaire technique luxembourgeois aux exigences toujours plus fortes de la part des études supérieures et du monde du travail.

Cependant, les trois syndicats tiennent à marquer leur désaccord avec la proposition des représentants du gouvernement selon laquelle les futurs professeurs E7 pourraient choisir entre la voie d'un bachelor et d'un master dans la spécialité à enseigner et celle d'un bachelor réalisé dans la spécialité à enseigner avec un master en sciences de l'éducation.

Trois raisons essentielles motivent ce désaccord:

  • Il faut constater d'abord, en parcourant les nombreuses formations offertes dans les différents pays européens, que les conditions d'accès à un master en sciences de l'éducation font la plupart du temps abstraction d'acquis préalables dans le cadre des études de bachelor en sciences de l'éducation et que les universités acceptent très largement des candidats détenteurs d'un bachelor dans une autre spécialité, notamment en sciences humaines et sociales. Nous ne voyons pas comment des candidats « novices » en sciences de l'éducation pourraient y entreprendre une recherche valable ou y parfaire une formation qu'ils viennent juste d'entamer. Or, c'est bien l'esprit de recherche et de perfectionnement que nos futurs professeurs devront acquérir afin de le transmettre à leurs élèves ! Ainsi donc même si les accords de Bologne permettent ce type de combinatoire, il ne nous semble pas opportun de sacrifier une qualification plus poussée dans une spécialité, donnant accès à une maîtrise clairement établie de cette spécialité et à une expérience de recherche véritable, à un investissement dans une voie d'études complètement différente, sans rapport direct avec les matières étudiées dans le cadre du diplôme de bachelor préalable et ne pouvant générer une recherche qui mérite ce nom. Un tel sacrifice est d'autant plus injustifié qu'à l'heure actuelle, le futur professeur de l'ES et de l'EST est bel et bien initié et formé aux théories et aux pratiques pédagogiques tant au niveau de la méthodologie générale qu'au niveau de la didactique disciplinaire requises pour son métier et ce pendant une période de deux années d'études dans le cadre du stage pédagogique ainsi que, le cas échéant, d'une période d'une année supplémentaire dans le cadre de l'élaboration du travail de candidature.
  • En permettant aux futurs professeurs E7 de délaisser le perfectionnement des études dans leur spécialité au profit d'une formation en sciences de l'éducation qui ne pourrait être qu'une initiation sous les conditions décrites, on risquerait d'aboutir dans le futur à deux catégories de professeurs inégalement formés dans leur spécialité et dont nombre ne pourraient plus enseigner dans les classes du cycle supérieur dans les deux ordres d'enseignement. Il en résulterait une perte de flexibilité inadmissible à nos yeux !
  • Avec l'alternative proposée par le gouvernement, tant la réglementation de l'accès au stage pédagogique que la conception de celui-ci seraient confrontées à des problèmes quasiment insurmontables. Il faudrait d'une part créer des conditions d'accès ne privilégiant aucune des deux voies choisies et d'autre part servir au niveau des contenus aussi bien les uns que les autres. L'étendue du problème devient patente à travers la proposition de la ministre de l'Education nationale, lors de l'entrevue du 20 novembre, de faire éventuellement fonctionner deux types de stage (!) …. A fortiori, le risque existe que deux types de concours devraient être organisés en direction de deux types de carrières.


Finalement les trois syndicats sont d'avis que le «master » comme condition de recrutement doit être défini avec plus de précision puisque les universités proposent différents catégories de «master». (cf. annexe) Pour garantir un enseignement de qualité, les trois syndicats revendiquent comme condition d'accès à la fonction de professeur d'enseignement secondaire et secondaire technique un «master 2 recherche», «research », «Master-Studiengang», voire «Staatsexamen für das höhere Lehramt» qui tous correspondent à 10 semestres d'études et à 300 points ECTS. Par contre, les trois syndicats refusent comme condition d'accès au professorat un «master 1» dit professionnel qui ne correspond qu'à 240 points ECTS et ne permet pas de compléter ses études par un doctorat par exemple.

Les trois syndicats sont d'accord avec Madame la ministre de l'Education nationale lorsqu'elle estime que face aux spécificités multiples que les nouveaux diplômes de master pourront présenter pour l'accès à une même spécialité dans l'enseignement secondaire, il faudra repenser et reconfigurer les différentes modalités de l'examen-concours de recrutement au stage pédagogique pour chaque branche selon ses particularités spécifiques et pour l'ensemble des branches dans l'esprit d'une cohérence et d'une comparabilité accrues.

Dans ce sens, des entretiens entre le MENFP et les trois syndicats devraient avoir lieu dans les plus brefs délais.

Luxembourg, le 3 décembre 2007

Les comités APESS, FEDUSE/Enseignement-CGFP, SEW/OGBL