Du personnel pour nos lycées !
Effectifs des classes et heures supplémentaires en croissance continue
La rentrée scolaire dans l'enseignement secondaire et secondaire technique était marquée par une nouvelle augmentation des effectifs de classe et des heures supplémentaires des enseignants.
Cette évolution néfaste pour la qualité de l'enseignement ne fait que traduire le recrutement insuffisant de professeurs depuis des années !
Comment le MEN(FP) dénie les résultats de sa propre étude
Les responsables du MEN étaient pleins d'éloge, début 1994, pour l'Etude de planification des besoins en personnel enseignant dans l'enseignement postprimaire en cours d'élaboration à cette date: d'une précision sans pareille jusque là, (d'après leurs dires), elle allait servir dès sa parution de base à la discussion avec l'Intersyndicale!
En revanche, combien ces mêmes responsables étaient pressés de relativer les résultats de leur étude, lorsque celle-ci révéla au grand jour un besoin théorique de professeurs et stagiaires non couvert de ...468 unités! Tout à coup, la prestigieuse étude ne valait plus que le papier sur lequel elle était écrite et elle disparut à jamais dans les caves du MEN(FP).
L'arbitraire qui règne ?
En réalité, cette étude arrive pratiquement aux mêmes résultats que les études de planification précédentes, élaborées jusqu'en 1992 par la Commission de planification des besoins en personnel enseignant !
Cette Commission, prévue par la loi du 10 juin 1980, n'a plus donné signe de vie depuis des années. Pour quelle raison ne publie-t-elle plus de rapport ? Si elle ne travaille plus, qui a pris la décision de négliger cette obligation légale ?
Enfin, en l'absence d'étude de planification fiable, comment le MENFP fait-il face aux besoins en personnel ?
Arbitrairement, suivant l'intuition, la bonne humeur du Ministre compétent ou de ses conseillers ou peut-être les disponibilités budgétaires ... ?
Incapacité ou austérité préméditée ?
A la conclusion du MEN, face à l'étude pantagruélique citée plus haut, de créer d'urgence 130 postes pour 1994-95, le gouvernement avait répondu par un recrutement de 80 stagiaires seulement; cette année-ci, il est question d'en prendre 65 !
Et encore faut-il se demander si assez de candidats pourront se présenter au concours d'admission: la politique de recrutement extrêmement restrictive des dernières années a eu pour conséquence que de nombreux candidats potentiels, bac+4 se trouvent définitivement écartés faute de s'être classés en rang utile à plusieurs reprises; ces collègues-chargés de cours font les frais du recrutement manifestement insuffisant lors de la dernière décennie.
Les rares chanceux admis au stage se voient submergés de leçons, au mépris des limites contenues dans le règlement du stage !
Quant à la réforme prévue du stage pédagogique, on n'en parle plus !
Grande nouveauté pour la rentrée scolaire 1995-96: puisqu'il ne peut plus faire face au manque flagrant de personnel par le recrutement de nouveaux chargés de cours (voie bloquée pour des raisons juridiques), le MENFP a réagi par le recrutement d'un nouveau type de pion: 50 chômeurs bac+ pourront assurer la surveillance pendant deux années au maximum !
En attendant de nouvelles mesures magiques, les effectifs d'élèves gonflent. L'enseignement postprimaire compte presque 1.000 élèves en plus cette année, les 3.500 (!) écoliers supplémentaires dans l'enseignement primaire, que les planificateurs du MEN n'avaient pas prévus, se presseront bientôt dans les conteneurs des lycées et lycées techniques, autre preuve frappante des déficits dans la planification de notre enseignement !
A force d'agiter l'épouvantail de la pléthore d'enseignants, le MEN(FP)se voit confronté à une pléthore d'élèves ! Il faudrait en rire, si ce n'était pour pleurer !
En fait, qui est responsable pour cette pagaille ?
Question qui restera sans doute sans réponse !
Par contre, nous savons, qui en fera les frais: les élèves et les enseignants !
Pour une planification pluriannuelle sur des bases réelles!
Nous disons: il est grand temps de mettre en oeuvre une planification pluriannuelle qui tienne compte de la réalité scolaire.
Le SEW est prêt à donner un coup de main aux grands planificateurs de ce gouvernement !
Nous disons aussi: on ne pourra faire face à cette réalité en diminuant la part de l'enseignement dans le budget total, comme il a été le cas cette année et comme cela est prévu pour 1996 !
Nous demandons aux hommes politiques de faire correspondre les actes à leurs discours de bonne intention !
Il est urgent d'agir !
Luxembourg, le 1er décembre 1995
SEW/OGB-L