Concours-Revendications SEW lettre Juncker

01.01.1999

Suspendre le concours d'admission au stage pédagogique dans les branches à pénurie !

Augmenter sensiblement le nombre de stagiaires à recruter !

Arrêter net le recrutement de chargé(e)s de cours non qualifié(e)s


Le recrutement des enseignant-e-s reste pour l'enseignement secondaire et secondaire technique de notre pays sans doute le problème numéro un ! En effet, suivant les données des rapports de planification des besoins en personnel enseignant de juillet 1999 et 2000 :
- le nombre d'élèves continuera d'augmenter à raison de 1.000 unités supplémentaires par an,
- 370 enseignant(e)s, c'est-à-dire 12 % du corps, partiront à la retraite au cours des 5 prochaines années,
- le recrutement selon le programme gouvernemental arrêté en 1999, qui prévoit entre 160 et 175 nouveaux stagiaires par an, permettra tout au plus de stabiliser la pénurie au niveau actuel;
pour résorber les besoins, il faudrait recruter 275 stagiaires par an de 2000/01 à 2004/05
et 125 par an à partir de 2005/06.
Or, les nombreux échecs aux épreuves de langues préliminaires et aux examens-concours dans les spécialités ne permettent même pas d'atteindre le nombre limité de postes inscrit dans le programme gouvernemental: ainsi depuis 1999, sur les 406 postes prévus, 96 n'ont pu être occupés. Parallèlement, le nombre de chargé-e-s de cours croît sans cesse; après la requalification des contrats à durée déterminée de 222 chargé-e-s de cours en contrats à durée indéterminée suite au jugement du tribunal administratif du 30/07/97, on en arrive de nouveau (en l'espace de 3 années seulement !) à 223 chargé-e-s de cours à durée déterminée nouvellement recruté-e-s sous la dénomination de chargé-e-s d'éducation.
Ce personnel comporte un grand nombre de candidat-e-s qui ont échoué aux concours de recrutement, qu'on fait travailler davantage que les enseignants-e-s titularisés et les stagiaires, qu'on paie beaucoup moins et qu'on prive de formation pédagogique - mis à part des séances d'information d'une durée de quatre (!) jours, offertes depuis 2001 par le MENFPS.
Le SEW/OGB-L a demandé à Madame la Ministre de l'Education nationale d'analyser les raisons des nombreux échecs aux examens-concours et de rendre ces épreuves plus transparentes. Cette analyse ne résout pourtant pas le problème fondamental !
Nous pensons que nos responsables politiques ne peuvent pas proclamer d'un côté l'état d'urgence dans l'enseignement public, et de l'autre barrer l'accès à la formation pédagogique à des personnes régulièrement chargées de l'enseignement, de l'évaluation et de la promotion des élèves.
Devant une situation qui s'aggrave d'année en année et avec l'objectif primordial de défendre la qualité de l'école publique, le SEW/OGB-L demande donc au Gouvernement de suspendre le concours de recrutement dans les spécialités, dans toutes les branches à pénurie d'enseignant-e-s et de revenir ainsi sur l'article 10 alinéas 2 et 5 du règlement grand-ducal du 22 septembre 1992 ayant transformé le concours de recrutement en examen-concours. A situation d'urgence, mesure d'urgence !
Nous connaissons l'argumentation des adversaires d'une telle mesure: ils prétendent qu'il faudrait maintenir un mécanisme de filtrage pour "éviter de prendre n'importe qui" et pour "s'assurer que le personnel recruté ait assimilé la matière inscrite au programme". Nous jugeons pourtant cette argumentation intenable pour plusieurs raisons:
- Les candidat-e-s aux carrières de l'enseignement secondaire et secondaire technique ne sont pas "n'importe qui", ils/elles disposent soit d'un brevet de maîtrise délivré par un corps de métier et reconnu par l'autorité publique, soit d'un diplôme d'une école supérieure ou d'une université étrangère, homologué par l'Etat luxembourgeois.
Le concours aurait-il pour objectif de vérifier si leurs connaissances correspondent bien aux attentes d'éminent-e-s enseignant-e-s de notre enseignement secondaire et secondaire technique - et de réintroduire ainsi par la petite porte la collation des grades à la luxembourgeoise, abolie en 1969 ? Nous osons répondre négativement à cette question .
- La majorité des professeurs actuel-le-s et des membres des jurys sont entré-e-s dans l'enseignement sans passer par un concours d'admission; or qui mettrait en question leurs compétences pour cette raison ? Ayons donc confiance que des universitaires ou des maîtres soient capables de s'acquitter du contenu des programmes de l'enseignement secondaire et secondaire technique luxembourgeois !
Le stage pédagogique, d'une durée de deux années, et les épreuves probatoires leur donneront d'ailleurs l'occasion de se préparer convenablement à leur nouvelle tâche et de prouver leurs compétences.
- Actuellement, les candidat-e-s refusé-e-s à l'examen-concours se retrouvent, contre toute logique, le lendemain de leur refus, comme chargé-e-s de cours devant leurs classes et, qui de plus est, à raison de 24 leçons par semaine.
Leur échec au concours, équivalent à un certificat d'incompétence ne devrait-il avoir pour conséquence de mettre fin à leur contrat de chargé-e de cours ? Il n'en est rien: faute d'enseignant-e-s qualifié-e-s, on les autorise à continuer d'enseigner et de décider de la promotion des élèves, tout en leur barrant le chemin vers une formation pédagogique !
Il est évident qu'il n'y aura pas moyen de procéder aux réformes nécessaires dans l'enseignement luxembourgeois avec du personnel non qualifié.
Nous pensons pour notre part que l'enseignement postprimaire luxembourgeois n'a nullement besoin d'un examen-concours laissant passer chaque année une minorité de candidat-e-s; il lui faut, pour assumer ses charges croissantes, du personnel compétent, aussi bien au niveau de la matière à enseigner, qu'au niveau pédagogique.
Au-delà de la suspension de l'examen-concours dans les branches à pénurie, nous demandons au Gouvernement d'augmenter substantiellement le nombre de stagiaires à recruter et d'arrêter net le recrutement de chargé-e-s de cours non qualifié-e-s.
Une dernière remarque s'impose au sujet des épreuves préliminaires, qui visent à vérifier les connaissances dans les trois langues usuelles du pays - et que notre proposition de suspension ne concerne évidemment pas -: il faudra se limiter à y tester les capacités au niveau de l'expression écrite et orale courante, en faisant appel à des critères d'évaluation clairs, connus des candidat-e-s et donnant lieu à une motivation écrite de la note obtenue.