Les libertés académiques en crise

27.11.2007

Les libertés académiques en crise



Dans un monde où règne l'insécurité, les droits fondamentaux et les libertés sont de plus en plus menacés sur nos campus universitaires, comme au sein de la société à plus grande échelle. Des érudits arrêtés sans procès équitable; des universitaires interdits de traverser la frontière; des recherches sur des sujets sensibles censurées, des étudiants épiés; une médiathèque mise sens dessus dessous par les autorités - voici seulement quelques exemples soulevés par les délégués lors de la 6e Conférence internationale sur l'enseignement supérieur et la recherche.

Cette conférence, organisée par l'Internationale de l'Education et ses organisations partenaires espagnoles, s'est déroulée du 12 au 14 novembre à Malaga, en Espagne.

Plus de 260 syndicalistes de l'enseignement supérieur venus de nombreux pays ont fait part de leurs profondes craintes selon lesquelles les lois anti-terroristes gèleraient la liberté académique et imposeraient même une autocensure sur les universitaires.

Une étude réalisée par l'Internationale de l'Education, qui représente environ trois millions de travailleurs de l'enseignement supérieur affiliés dans les syndicats du monde entier, a démontré que les libertés académiques étaient menacées et ce, même dans les sociétés démocratiques.

Lors de la conférence, le Secrétaire général de l'IE, Fred van Leeuwen, a informé les journalistes que le déclin alarmant des libertés académiques pouvait être imputé à trois facteurs:

  • Les contraintes politiques et idéologiques imposées par les gouvernements qui ne souhaitent pas que les universitaires parlent librement ou mènent des recherches qui pourraient s'avérer politiquement nuisibles envers les élites dirigeantes;
  • La commercialisation et la privatisation croissante, les universités devant faire face à une réduction considérable des financements publics et se trouvant alors contraintes à se reposer davantage sur des financements privés ;
  • Une érosion de la gouvernance collégiale des institutions de l'enseignement supérieur, et une augmentation des modèles de gestion d'entreprise.


Tous ces obstacles aux libertés académiques posent des défis considérables aux universitaires du monde entier, a déclaré Fred van Leeuwen, et requièrent en réponse de nouvelles stratégies professionnelles et syndicales. « L'enseignement supérieur constitue le secteur le plus mondialisé, et c'est pourquoi les syndicalistes, les universitaires et les étudiants doivent unir leurs forces afin de relever ces défis », a-t-il déclaré.

Par exemple, James Rice, de la National Education Association, a décrit une nouvelle initiative conjointe entre les trois syndicats de l'enseignement supérieur aux Etats-Unis. Intitulée « Free Exchange on Campus » (Libre échange sur le campus), cette initiative vise à faire entendre leur voix contre les menaces législatives aux libertés académiques.


Dans le cadre d'une autre avancée positive, Kari Kjenndalen, du syndicat norvégien NAR, a mis en lumière la législation adoptée dans son pays natal visant notamment à protéger les libertés académiques.