Avis du SEW/OGBL sur l'avant-projet de règlement grand-ducal modifiant le règlement grand-ducal du 14 juillet 2005 déterminant l'évaluation et la promotion des élèves de l'enseignement secondaire technique et de l'enseignement secondai

30.08.2006

Un an seulement après le règlement grand-ducal d'évaluation et de promotion du 14 juillet 2005, le MENFP s'apprête à modifier celui-ci sur un certain nombre de points importants critiqués à l'époque par l'ensemble des syndicats d'enseignant-e-s, dont le SEW/OGBL (cf. notre avis du 29 avril 2005).

Le MENFP propose en effet
- de réintroduire la note seuil de 20 points pour compenser;
- de limiter les compensations ;
- d'augmenter de 40 à 45 points le seuil de la moyenne générale annuelle qui permet à un-e élève du cycle inférieur de réussir, peu importe le nombre de notes insuffisantes.

Le SEW/OGBL salue que le MENFP prenne ces dispositions.
Néanmoins, nous pensons que le nouvel avant-projet maintient des conditions de promotion trop larges, et cela particulièrement dans l'EST.
o Ainsi, un-e élève peut compenser, respectivement être ajourné-e lorsque le nombre de ses notes annuelles insuffisantes est égal au tiers non arrondi du nombre total de branches. Ceci équivaut par exemple dans une classe de 7eO, à 4 notes insuffisantes et dans une classe de 7eST, à 3 notes insuffisantes. A noter que dans ce dernier cas, la note de la branche « Education technologique et branches d'expression » est déjà une moyenne de 4 notes de matières, dont plusieurs peuvent être insuffisantes.
o Un « ajournement » dans le cycle inférieur de l'EST consiste en réalité en un « travail de révision », qui ne barre pas l'accès à la classe suivante, même si l'élève ajourné-e n'a pas accompli son travail. Etant donné qu'un tel travail de révision doit être individualisé en fonction des faiblesses de l'élève, il risque de constituer une charge supplémentaire plutôt pour l'enseignant-e qui le conçoit que pour l'élève auquel il s'adresse. Il nous semble indispensable que le ministère analyse en détail quelles répercussions ces nouveaux critères auront sur la réussite des élèves au cours des années à venir. Notons encore que si un-e élève du cycle inférieur de l'EST est ajourné-e dans plusieurs branches, on ne peut lui imposer qu'un travail de révision unique d'ensemble. Or il faudrait qu'il existe la possibilité qu'un/e élève travaille ses lacunes dans toutes les branches où il ou elle a une note insuffisante.

D'autre part
• Les mesures de remédiation, qui seront maintenues dans le règlement réformé ont impliqué un travail supplémentaire important pour les enseignant-e-s. Rien qu'au 1er trimestre 2005-2006, le MENFP a répertorié 12.000 mesures de remédiation. Il faudra évaluer ce que ces mesures ont apporté. Quant aux appuis tels qu'ils fonctionnent actuellement, nous savons qu'ils sont peu efficaces. Mais de nouvelles formes d'appui ne peuvent être développées si les lycées ne disposent pas de personnel qualifié supplémentaire ainsi que de matériel didactique approprié. Par ailleurs, au-delà de l'aide purement cognitive, beaucoup d'élèves présentent des problèmes au niveau de la motivation et nécessitent un soutien affectif ou psychologique.
• Les 10e de transition sont maintenues; or comme nous l'avions souligné dans notre avis précédent, nous trouvons inadmissible de transférer toute la responsabilité de l'organisation de ces classes aux directions des différents lycées techniques. Il est en effet à prévoir que le nombre d'élèves en échec sera énorme.
• Subsistera aussi l'obligation pour le régent ou la régente des classes de 7e/6e/5e/4e, respectivement 7e/8e/9e d'inviter les parents de chaque élève à un entretien individuel à l'occasion de la remise du bulletin du 1er trimestre. Afin d'éviter une surcharge évidente du régent/de la régente, qui est par ailleurs titulaire d'autres classes où il ou elle rencontre également les parents de ses élèves, il faudrait limiter l'obligation de convoquer les parents aux seul-e-s élèves en difficulté. Ceci dit, il est évident que les parents doivent avoir expressément le droit de demander un entretien au régent ou à la régente dans tous les cas.

En guise de conclusion, nous aimerions revenir sur l'exposé des motifs du projet de règlement de 2005, qui disait « qu'une harmonisation des critères de promotion […] ne peut pas tenir lieu de réforme scolaire ». Nous y avions consenti tout en exigeant d'entamer enfin:
- une analyse approfondie de l'apprentissage des langues dans l'enseignement luxembourgeois
- la détermination des compétences que les enfants et adolescent/es doivent avoir atteint à un certain moment de leur carrière scolaire
- une réforme de l'enseignement primaire dans le sens d'un soutien individualisé des élèves dès les premières années
- une séparation plus tardive des élèves en différentes voies de formation
- une réorganisation des contenus et des méthodes d'enseignement
- une évaluation plus formative.

Nous approuvons que Madame la Ministre de l'Education nationale ait effectivement ouvert certains de ces chantiers. L'échéance annoncée pour l'accomplissement de toutes ces réformes étant cependant assez rapprochée - l'année 2008 -, nous voudrions inviter les responsables du MENFP à ne pas brûler les étapes et leur demander de respecter certains principes élémentaires:
- travailler avec les enseignant-e-s et prendre en compte leurs avis
- s'armer de l'expertise nécessaire en recourant à des expert/es et expériences tant internationaux que nationaux
- continuer à lancer d'abord des projets-pilote, tout en assurant un accompagnement professionnel et évaluer ces projets avant de les généraliser
- débuter la mise en place au niveau de l'enseignement primaire.

Même si le SEW/OGBL se réjouit que le règlement d'évaluation et de promotion du 14 juillet 2005 soit modifié, nous aimerions qu'à l'avenir le MENFP tienne compte de l'avis des acteurs du terrain avant de se précipiter. En effet, ces modifications rapprochées sont nuisibles à la bonne marche de l'enseignement et mettent en cause la crédibilité de l'évaluation.

Luxembourg, le 30 août 2006