Université de Luxembourg – une loi imparfaite, mais nécessaire

12.09.2003

En dépit de nombreuses critiques, la loi sur l'Université de Luxembourg a passé la Chambre à la quasi-unanimité, peu avant le congé parlementaire estival. En fait, l'opposition n'avait guère le choix; voter « non » signifiait barrer la route à une institution dont le Luxembourg a besoin depuis longtemps et qui n'aurait été remise au vote avant longtemps.
A présent que la loi est en vigueur, il faut compter sur la dynamique de l'institution pour corriger les déficiences et mettre le cap dans la bonne direction !
Rappelons ici les principales revendications que notre syndicat avait exprimées le 25 février dernier à l'occasion d'un hearing devant la Chambre des Députés :
1. il faut limiter les pouvoirs du recteur et donner des pouvoirs de décision importants au conseil universitaire
2. les départements des facultés doivent résulter des facultés et non pas être des produits implantés de l'extérieur
3. il faut réglementer dans la loi la question du droit d'inscription: veiller à pratiquer un même droit d'inscription peu élevé pour toutes les facultés
4. les contrats à durée déterminée des enseignants-chercheurs doivent être soumis aux conditions normales de la loi de 1989 sur le contrat de travail
5. la recherche pédagogique doit figurer parmi les axes prioritaires dans l'exposé des motifs
6. il faut prévoir une formation des instituteurs/trices de l'ordre de 240 à 300 ECTS sanctionnée par un « master »
7. le droit de participation et de regard du MEN sur la formation des enseignants-e-s est à inscrire de manière suffisamment claire et détaillée dans le texte de la nouvelle loi.
Les trois dernières revendications évoquent le potentiel de la troisième faculté (lettres, sciences de l'éducation et arts) en matière de formation et de recherche pédagogique :
- Le problème des langues constitue le problème crucial de notre enseignement et il bloque l'avenir professionnel de nombreux jeunes ' luxembourgeois et étrangers. Le système scolaire luxembourgeois se « distingue » tristement par une proportion démesurée d'enfants qui pour des raisons sociales ou du fait qu'ils ne maîtrisent pas la langue véhiculaire, perdent pied dès le début de l'école primaire et se retrouvent dans l'enseignement secondaire technique sans connaissances de base suffisantes, ni motivation. Il s'agit là d'un problème que personne au monde ne résoudra à notre place; or voici que la nouvelle Université fournira le terrain pour dépasser l'amateurisme des 36 mesures disparates restées sans lendemain et jamais évaluées qui a caractérisé la politique du MEN au cours des trente dernières années,
Une autre voie prioritaire en matière de recherche pédagogique, de formation et d'accompagnement des enseignant-e-s est celle d'une pédagogie plus motivante faisant appel à l'activité et à la responsabilité des élèves et proposant des aides individuelles à ceux qui en ont besoin - et cela depuis le plus jeune âge.
- Face à la forte présence d'enfants étrangers dans l'enseignement primaire et aux problèmes auxquels notre enseignement est confronté, il est d'autant plus important de former convenablement nos instituteurs-trices pour les habiliter à résoudre les problèmes qui résultent naturellement de cette situation difficile. Par ailleurs, il est établi que dans les pays ayant obtenu de bons résultats dans l'étude PISA, la formation des enseignant-e-s est une formation longue.

A l'aube de la société de la connaissance, l'axe pédagogique présente une importance tout aussi fondamentale pour l'avenir de notre pays que les autres axes présentés dans l'exposé des motifs de la loi et qui sont directement en relation avec les intérêts économiques d'entreprises privées.
Etant donné que la recherche et la formation pédagogiques ne font certes pas l'objet d'une « demande de marché », mais quelles sont pourtant vitales, il est d’autant plus nécessaire que l'Etat -par l'intermédiaire du MEN - maintienne ses prérogatives au sein de l'Université et exprime une demande effective.

Guy Foetz