Passage primaire postprimaire

Les représentants des syndicats du primaire, du secondaire, les collèges des directeurs et des inspecteurs ainsi que la FAPEEP avaient été contactés par Mme Delvaux au début de l'année scolaire 2006/2007 afin d'entamer une réforme de la procédure d'orientation du passage primaire postprimaire. A cette occasion, le SEW avait à nouveau soumis ses propositions. Faute de collaboration du collège des directeurs des lycées, le règlement grand-ducal n'a pas pu être modifié pour entrer en vigueur pour l'année scolaire en cours. Or, depuis le sujet ne semble plus d'actualité pour le ministère. Ainsi la procédure, sujette à de nombreuses critiques de la part des parents et des enseignants, reste toujours en application. Avant de fournir notre avis sur l'orientation, il est certainement utile de rappeler que le SEW demande toujours le tronc commun. Une sélection des enfants à l'âge de douze ans, déterminant l'ordre d'enseignement à intégrer et ainsi toute la carrière scolaire de l'enfant n'est pas opportun. Et il s'agit bien d'une sélection, mal dissimulée derrière la formulation de «procédure d'orientation». Faire une sélection à ce moment de la progression scolaire est une mesure antisociale, au désavantage surtout des enfants qui au début de leur scolarisation ne peuvent suivre le rythme imposé par le plan d'études et n'arrivent pas à rattraper ce retard au cours des 6 années primaires. En effet, si la nouvelle loi scolaire prévoit de faire avancer les enfants à leur propre allure selon leurs facultés, cette sélection arrivera à un moment très inopportun. Sachant qu'il s'agit surtout d'enfants venant de couches sociales défavorisées qui progressent à un rythme moins rapide, la corrélation de notre système scolaire entre l'origine socio-économique et le succès scolaire s'intensifierait davantage. Une sélection après le 4ième cycle (6e année d'études) est tout à fait contraire à une approche par compétences et une évaluation formative. Rappelons quand même que la loi du 23 avril 1979 portant création d'un premier cycle intégré de l'enseignement postprimaire (tronc commun) est toujours en vigueur. Une discussion sur la mise en place du tronc commun ne doit plus rester un sujet tabou. Toute réforme à moyen terme de l'orientation doit se situer dans le cadre d'une réforme globale. Un groupe de travail du comité primaire s'est réuni pour élaborer une nouvelle proposition de réforme de la procédure d'orientation. Après délibération les membres du groupe sont partis des constatations suivantes: La procédure est fortement critiquée par les parents. L'enseignant du primaire est le seul interlocuteur des parents. La commission d'orientation siège à huis clos et les membres ne sont pas identifiables pour les parents. Les enseignants du primaire ont même reçu l'instruction de ne plus se prononcer devant les parents avant la délibération de la commission. Les parents se retrouvent avec un sentiment d'impuissance à la merci d'une commission secrète sans la possibilité de «plaider leur cause. ». Les enseignants du primaire eux aussi se trouvent entre l'enclume et le marteau. N'ayant pas le droit de trouver un accord avec les parents pour le choix de l'ordre d'enseignement, leur autorité devant les parents est encore diminuée On constate d'ailleurs un retrait des enseignants chevronnés des classes du degré supérieur, dû à une procédure trop pénible. De plus en pus de néophytes font leurs premiers pas comme titulaires de ces classes. L'objectif d'une collaboration entre les enseignants du primaire et les enseignants des cycles inférieurs du secondaire et du secondaire technique n'a pas été atteint. Il est de plus en plus difficile de recruter des enseignants du secondaire et du secondaire technique pour les commissions d'orientation. Souvent l'échange des enseignants se résume au strict minimum et dans certains cas isolés, des professeurs ont refusé des réunions de concertation avec les instituteurs avant les délibérations dans la commission. Il est d'ailleurs difficile de se prononcer quant au sort des élèves qu'on n'a jamais vu évoluer, ne se basant que sur quelques travaux d'un petit portfolio et des résultats des épreuves standardisées. |
N'étant pas en mesure d'évaluer les compétences des élèves, les membres de la commission d'orientation ont tendance de se baser davantage sur les résultats des épreuves standardisées. Ces épreuves, prévues au début pour fournir des informations supplémentaires sur les compétences et savoirs des élèves, risquent de remplacer l'examen d'admission. Aux yeux des élèves et des parents, les épreuves standardisées se voient attribuer une importance qui ne doit pas leur revenir. La distribution des épreuves standardisées, carac térisée par une méfiance vis-à-vis de l'intégrité des enseignants fait preuve de l'importance que même le ministère accorde à ses épreuves. Or ces épreuves n'évaluent pas les compétences des élèves, mais constituent surtout un échantillon d'items qui sont plus ou moins standardisés. Comme ces épreuves ne peuvent par définition mesurer qu'une toute infime partie des compétences et des facultés d'un enfant et ceci surtout dans le but de le comparer à ses condisciples, elles ne peuvent être qu'un petit indicateur supplémentaire pour l'orientation. En attribuant une trop grande importance à ces épreuves, le ministère risque de contribuer à un appauvrissement de la diversité de l'enseignement. Les enseignants se verront contraints, à la demande des parents, de se focaliser sur les exigences des épreuves pour ne pas compromettre les «chances» de leurs élèves. Le système ne tardera pas à faire naître une «industrie» générant des épreuves standardisées et le ministère risquera même de perdre une partie de son contrôle sur les objectifs de l'enseignement qui seront désormais fixées par les auteurs des épreuves. Le SEW exige de remettre les épreuves standardisées, si elles ne peuvent être abolies dans son contexte et de passer clairement le message qu'elles ne représentent qu'un élément supplémentaire de la procédure d'orientation. Et il faudrait en tout cas repenser l'envergure des épreuves. Les épreuves standardisées sont à reculer dans le troisième trimestre. Elles perturbent le travail en classe du deuxième trimestre pendant des semaines et comme elles sont souvent considérées comme des examens par les élèves et les parents, les élèves ont tendance à négliger leurs efforts au troisième trimestre. La collaboration entre les enseignants du primaire et du secondaire, qui représentait au début un élément clé de la procédure d'orientation semble se dégrader d'année en année. Il y a un sentiment de frustration chez les enseignants du secondaire qui se sentent mal à l'aise dans le rôle qui leur est attribué dans la procédure. Ils manquent tout simplement d'informations sur les élèves pour émettre un avis qualifié. Il s'avère donc de plus en plus difficile dans certains lycées de trouver des professeurs prêts à assumer leur mission dans les conseils d'orientation. Ceci à l'image des instituteurs chevronnés qui désertent les 6e années d'études. Par conséquence il est urgent de réformer la procédure d'orientation. Voici les propositions émanant du groupe de travail du SEW:
Patrick Arendt |