Autonomie scolaire : Non à une gestion despotique !
Dans le débat sur l'autonomie des établissements postprimaires, une nouvelle étape a été franchie: le Conseil supérieur de l'Education nationale vient d'accepter à une large majorité le document de réflexion élaboré par le groupe de travail ad hoc, qui comprenait des représentants des collèges de directeurs des lycées et lycées techniques, des syndicats d'enseignants (dont le SEW ), des organisations de parents d'élèves et des chambres professionnelles.
Les réserves et conditions essentielles formulées dans ce document à l'égard de la mise en place de l'autonomie scolaire rejoignent celles du SEW :
- l'autonomie n'est pas la panacée pour tous les problèmes actuels de l'enseignement ;
- l'autonomie ne devra permettre de déresponsabiliser le pouvoir central ;
- l'autonomie devra être introduite par étapes, à travers des expériences-pilotes ;
- le statut et la rémunération du personnel, ainsi que son règlement de discipline devront rester dans le domaine de l'Etat ;
- il faudra assurer la transparence de la gestion financière des établissements et exclure le sponsoring des activités scolaires proprement dites ;
- les directions des lycées seront à élire par le personnel des établissements pour un mandat limité dans le temps, mais renouvelable ;
- une cogestion véritable dans les lycées et lycées techniques devra avoir lieu par l'intermédiaire de délégations élues du personnel ;
- les services locaux dans les domaines administratif, social, éducatif, technique et de santé seront à renforcer substantiellement.
Le même document constate que de nombreuses questions attendent une réponse, notamment celle des critères pour la répartition des moyens budgétaires parmi les différents établissements ou celle de l'évaluation des résultats obtenus. Il demande aussi au MENFP une évaluation écrite des expériences-pilotes d'autonomie budgétaire qui ont été réalisées au LTC et au LHCE.
Bonnes nouvelles donc ?
Certainement, mais tempérées par un mouvement de bande à part des deux collèges des directeurs du secondaire et du secondaire technique: dans un avis minoritaire, ils s'opposent à l'élection des directions par le personnel et ils demandent d'éliminer purement et simplement du texte, l'ensemble du paragraphe sur la représentation du personnel.
Si la réticence de la part des directeurs et directrices - de tou(te)s ?- à se faire élire par leur personnel peut encore être compréhensible, leur refus catégorique d'une représentation du personnel comme elle existe pourtant déjà dans les autres administrations publiques -, témoigne d'un esprit rétrograde, voire dictatorial, et d'une incapacité notoire de diriger de manière éclairée leurs établissements scolaires !
A quand une formation continue en matière de gestion du personnel pour les membres des deux collèges?
Or, pour le SEW, la cogestion est une condition sine qua non à l'autonomie des lycées et lycées techniques. Disons-le donc clairement à Madame le Ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, qui aura à trancher définitivement la question: une mise en place de l'autonomie sans véritable représentation accordée au personnel devrait se faire contre nous !
Luxembourg, le 10 juin 1998
SEW/OGB-L