Autonomie scolaire - la fin de la discussion ?
Dans le cadre d'une table-ronde, organisée par l'association "Autrement - Pour un forum de la transformation sociale" les différents partenaires scolaires (MENFPS, représentants des collèges des durecteurs, syndicats d'enseignants, représentants des parents et des élèves) ont récemment eu l'occasion de débattre de la question de l'autonomie scolaire à Luxembourg. Etant donné que "l'autonomie de gestion dans le cadre d'une enveloppe financière prédéfinie et d'une autonomie pédagogique" se trouve réinscrite dans le programme gouvernemental, on pouvait s'attendre à une position claire de la part du représentant du MENFPS.
Or, force est de constater que ce dossier, qui traîne depuis 1997, ne semble guère avoir évolué en matière ni des visées, ni des contenus, ni des conditions de cette autonomie.
Loin de faire évoluer le débat de manière positive, le mutisme du MENFPS, l'attitude provocatrice du représentant du Collège des directeurs de l'ES (qui revendiquait pour les directeurs d'établissement plus de pouvoir en matière de recrutement de personnel) et les révélations des enseignants dd'un des lycées qui "jouit" depuis quelques années d'une certaine autonomie budgétaire dans le cadre d'un projet-pilote (qui se plaignaient de l'opacité du budget de leur lycée et de l'exclusion de la grande majorité du personnel de la conception et de la gestion du projet d'établissement) ont renforcé la méfiance des syndicats.
Par conséquent, le SEW/OGB-L, nullement opposé jusqu'à présent à discuter d'une plus grande autonomie des lycées et lycées techniques, souhaite à présent mettre les choses bien au clair:
- notre syndicat n'est pas disposé à engager ses membres et l'école publique dans une direction indéfinie;
- la pratique de l'autonomie scolaire dans des pays plus "avancés" dans ce domaine nous mettent en garde: l'école publique y est progressivement transformée en une école d'inspiration libérale, appelée à fonctionner pour le plus grand profit des mieux placés et des mieux informés;
- nous refusons de donner notre aval à une logique de marché de l'éducation avec son jargon "client-fournisseur", ses techniques de "new public management" et son orientation tournée exclusivement vers l'output, logique où la pédagogie doit laisser la place à l'économie d'entreprise;
- nous appelons nos membres à refuser de participer à des projets de ce genre.
Comme par le passé, le SEW/OGB-L reste favorable à l'innovation pédagogique; nous revendiquons depuis lontemps des réformes de contenus et de méthodes, la concertation entre les enseignants et la prise en charge gratuite des élèves en dehors de l'horaire scolaire normal.
Tout cela n'est évidemment possible qu'avec du personnel qualifié et des infrastructures adaptées; or, nous constatons que depuis une dizaine d'années, nous gouvernements successifs ont sciemment négligé le budget de l'éducation.
Disons aux responsables actuels qu'avant de relancer le débat sur l'autonomie scolaire, il faudra des enseignants qualifiés au lieu de chargés de cours, et des installations scolaires dignes d'un pays développé au lieu de conteneurs !
Nous exigeons aussi, - et cela en-dehors de toute discussion sur l'autonomie scolaire - la mise en place de structures de cogestion véritables dans les lycées et lycées techniques, permettant au personnel de faire valoir ses droits de participation à la gestion de leur école.
Luxembourg, le 23 mars 2000
SEW-OGB-L