Jeu de la bourse - Une réaction venue de France

28.08.2003

Qui ne connaît pas le jeu de la bourse, lancé par la BCEE dans les lycées luxembourgeois, et qui vise à donner le goût de la spéculation à nos élèves. En France, une plainte a été déposée contre un professeur de philosophie qui a réagi contre la même pratique dans son lycée. Une pétition pour le soutenir a été lancé par Internet. En voici le texte
La liberté d'expression bafouée à l'Éducation Nationale
Chers Amis et Amies
Ci dessous une pétition de soutien à un prof qui a osé s'opposer au prosélytisme boursier dans l Ecole publique:
Pétition de soutien à Gilbert Molinier
Le proviseur et le proviseur adjoint du lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen ont déposé une plainte et entamé une action en justice contre Gilbert Molinier, professeur de philosophie dans le même établissement, auteur d'un ouvrage intitulé "La gestion des stocks lycéens" paru chez l'Harmattan.
Pendant plusieurs semaines, le lycée Auguste Blanqui a participé au jeu-concours des"Masters de l'économie", patronné par une banque privée. Menée dans plusieurs dizaines d'établissements, cette opération tout à fait contraire aux principes fondamentaux de l'école publique a déjà été dénoncée par de nombreuses associations et par des organisations syndicales.
Dans deux lettres adressées à la direction de son établissement, Gilbert Molinier exprime son indignation et demande que soit respecté le principe de laïcité. De plus, ilfait observer que ce jeu avait été organisé sans qu'il y ait eu la moindre concertation en conseil d'administration. Il affirme que cette opération, tout en "assurant ainsi la publicité d'une banque privée, n'a d'autre objectif que de transformer les jeunes dont nous avons en charge l'éducation, en clients de ladite banque dans le meilleur des cas et en boursicoteurs de bas étage dans le pire des cas, savoir des oies à plumer en cas de krach boursier ".
Non content d'avoir écrit cela, que chacun sait, Gilbert Molinier a osé, crime impardonnable, rappeler à son administration une directive ministérielle récente, celle du BO n°30 du 2 septembre 1999 qui écrit: « de plus en plus de concours et de journées thématiques sont proposés aux élèves et aux enseignants qui représentent, pour les organisateurs, un public ciblé […] Leur superposition finit par brouiller les messages et diluer les contenus. C'est pourquoi il est nécessaire de recentrer ces concours et journées sur les missions essentielles de l'école.[...]. Par ailleurs, afin de garantir le respect du principe de neutralité de l'école et, comme le rappelle la circulaire du 27 avril 1995, il ne sera pas donné suite aux sollicitations émanant du secteur privé, dont les visées ont généralement un caractère publicitaire ou commercial. »
Ainsi donc, exiger que l'école reste le lieu de l'instruction et ne soit pas transformée en supermarché serait condamnable ? Ainsi donc, refuser que l'école enseigne en guise de vertu "l'amour sacré de l'argent" et, en guise de civisme, l'art de s'enrichir vite et sans se fatiguer serait condamnable ?
Non, en réalité, si quelque chose dans cette affaire ressemble à une diffamation, c'est bien plutôt l'accusation portée contre Gilbert Molinier. Il est ici victime d'une dénonciation calomnieuse et l'école publique elle aussi est diffamée lorsqu'on fait croire aux parents qu'elle pourrait n'être plus le lieu du savoir et devenir une grande surface où des marchands en tout genre viendraient librement vendre leur camelote. Nous voulons croire que le Ministère de lÉducation nationale et le Rectorat interviendront pour défendre Gilbert Molinier qui n'a fait qu'accomplir ce que lui dictaient sa conscience professionnelle et le devoir moral de tout enseignant.Nous affirmons notre entière solidarité avec Gilbert Molinier. Si c'est lui qu'on accuse de diffamation, alors nous sommes tous des diffamateurs et, le cas échéant, nous exigerons d'être à ses côtés au banc des inculpés.
Voir le site l'APED: http://users.skynet.be/aped/