Le rapport de planification des besoins en personnel enseignant du postprimaire en contradiction avec le plan de recrutement gouvernemental 2007-2012 (Journal 5/2007)

Le rapport de planification des besoins en personnel enseignant du postprimaire en contradiction avec le plan de recrutement gouvernemental 2007-2012
Le rapport de planification des besoins en personnel enseignant de l'enseignement postprimaire pour la période 2007/2008 à 2011/2012, établi par la commission d'experts 1 contient toute une série d'informations intéressantes dont nous ne voudrions priver nos lecteurs.
Voyons d'abord la répartition actuelle des tâches suivant le statut des enseignants :

Dans ce tableau, il est déjà tenu compte des nouveaux contrats à durée indéterminée dont bénéficient à la suite de l'arrêt de la Cour administrative du 30/11/07 les chargés d'éducation qui sont en service depuis plus de 2 ans ou dont le contrat a été renouvelé 3 fois.
On constate que les titulaires n'assurent plus que 62,17 % des leçons, contre 5,96+16,63=22,59% des leçons données par des chargés d'éducation.
A noter aussi le nombre relativement élevé de candidats sursitaires; à ce sujet le rapport remarque: « le fait que ce dernier chiffre augmente chaque année d'une trentaine d'unités, montre que de plus en plus de candidats ne remettent plus, du moins pas en temps utile, leur travail de candidature et qu'ils s'accomodent avec des conditions de travail moins favorables (21 leçons sans coefficients, salaire moins élevé) que celles des professeurs ».
Qu'en est-il des besoins futurs en personnel enseignant ?
Les facteurs qui font accroître les besoins sont notamment les suivants :
- Le rapport table sur une augmentation de 600 élèves en moyenne par an.
- Il prévoit l'estimation suivante des départs à la retraite :
2007/08: 119 postes; 2008/09: 111 postes; 2009/10: 125 postes; 20010/11: 119 postes; 20011/12: 144 postes. - Il tient compte d'un accroissement des congés pour travail à mi-temps et du service à temps partiel, dû en partie à l'accroissement du pourcentage d'enseignants de sexe féminin (46,37 % en 2006/07).
L'obligation scolaire fixée à 16 ans, les réformes scolaires, le développement d'écoles à plein temps et la construction de nouvelles infrastructures scolaires sont d'autres facteurs qui tendent à accroître les besoins.
Parmi les facteurs qui résorbent les besoins, il faut d'abord mentionner la nouvelle réglementation de la tâche. Le gain en postes est chiffré comme suit par le rapport: 2007/08: 59 postes 2 2008/09: 70 postes; 2009/10 :81 postes; 2010/11: 94 postes; 2011/12: 107 postes.
Quant aux conséquences de l'arrêt de la Cour administrative concernant les CDD et CDI des chargés d'éducation, le rapport conclut: « Pour la période quinquennale à venir, les besoins en postes d'enseignants fonctionnaires vont diminuer comme suit: 2007/08: 77 postes; 2008/09: 154 postes; 2009/10: 170 postes; 2010/11: 186 postes; 2011/12: 202 postes.
La confrontation des deux types de facteurs (d'accroissement et de résorption des besoins) conduit au tableau ci-dessous :

En fonction du plan de recrutement arrêté le 03/10/2006 par le gouvernement, la commission répartit comme suit les besoins prévisibles sur les différentes disciplines:

Le rapport met néanmoins ce plan de recrutement du gouvernement en question et déclare que
« , les besoins prévisibles en personnel enseignant, malgré les conséquences de l'arrêt de la Cour administrative du 30 janvier 2007 concernant les chargés d'éducation CDD et CDI, dépassent le plan de recrutement quinquennal arrêté par le Gouvernement en conseil du 3 octobre 2006 et s'en rapprochent seulement en 2011/12.
Et d'ajouter: « Afin de subvenir aux besoins en personnel enseignant durant la période quinquennale à venir, un recrutement plus important que celui prévu par le plan quinquennal serait nécessaire. A défaut, le recours à de nouveaux chargés d'éducation resterait indispensable pour couvrir les besoins en personnel enseignant. »
C'est précisément cette augmentation du nombre de stagiaires à recruter que le nouveau programme de recrutement quinquennal, adopté par le Conseil de gouvernement du 5 septembre, refuse, il prévoit en effet 1.025 entrées en stage pendant la période 2007/08 à 2011/12 3 , ce qui correspond exactement à l'ancien programme ( décalé d'une année, avec +215 postes en 2011/12). Il faut donc conclure que le gouvernement mise carrément sur l'engagement de nouveaux chargés d'éducation pour couvrir les besoins en personnel enseignant dans le postprimaire.
Un projet de loi présenté lors du conseil des ministres du 14 septembre 2007 confirme cette politique inacceptable: il prévoit d'engager des chargés d'éducation supplémentaires avec un CDD, transformé après 3 années en CDI. En demandant à ces futurs « maîtres auxiliaires » un niveau de formation bac +3, il créé en plus une nouvelle carrière parallèle à celle du professeur, à un niveau de formation inférieur. Le SEW refuse ce projet et demande au MENFP et au gouvernement de mener enfin un dialogue honnête avec les syndicats d'enseignants sur la politique de recrutement dans l'enseignement postprimaire.
Guy Foetz
1 Font partie de cette commission: M. J. Hansen, M. S. Koenig, Mme V. Rhein, M. J. Levy, M. A. Wilmes, M. G. Zens, (MENFP); M. J. Fettes (Ministère d'Etat); M. J-M. Kirsch (ministère de la Fonction publique); M. J-M. Haensel (Inspection générale des Finances); Mme G. Ditsch (Statec); M. J-M. Weber (Université du Luxembourg-Département de la Formation pédagogique), M. R. Bohnert (Collège des directeurs de l'ES); Mme M. Gillen (Collège des directeurs de l'EST); M. G. Alff (expert en informatique).
2 Rapport de planification des besoins en personnel enseignant de l'enseignement postprimaire de 2007/2008 à 2001/2012, MENFP, juillet 2007, page 20.
3 En tenant compte de 2.288 titulaires en 2006/07, on peut conclure qu'en moyenne, la tâche de chaque titulaire est affectée à raison de 59/2288= 2,5% environ par la nouvelle réglementation, soit de 0,57 leçon par semaine.