Note du SEW/OGB-L relative à la partie "Evaluation"
Le SEW partage dans ses grandes lignes le contenu de la partie "Evaluation" du rapport même si de nombreux passages sont encore assez vagues.
Quelques remarques complémentaires, qui se fondent sur la discussion du texte avec nos membres de l'enseignement secondaire et secondaire technique, s'imposent cependant à notre avis:
1. L'évaluation étant directement liée aux contenus des programmes et aux méthodes selon lesquelles ces contenus sont transmis aux apprenant-e-s, il est à notre avis illogique de réfléchir à l'évaluation sans réfléchir auparavant aux modifications qui s'imposent au niveau des programmes et des méthodes d'enseignement!
2. Le manque de rigueur des élèves au niveau du cycle inférieur (cela compte particulièrement pour les élèves de 7e) semble aller croissant ces dernières années. Pour faire suivre sa classe, l'enseignant-e doit par exemple répéter la plus simple instruction plusieurs fois.
Les enseignant-e-s consulté-e-s ont de plus en plus l'impression de ne pas avancer; une démultiplication des contrôles risque de renforcer encore cette impression. Dans tous les cas, faudra-t-il peser très soigneusement le pour et les contre d'une évaluation supplémentaire !
A notre avis, l'amélioration des méthodes d'évaluation, qui s'impose certainement, ne résoudra pas ce problème qui est probablement dû au manque de concentration des élèves et à leur tendance de confondre l'école et la réalité avec un jeu. Une analyse approfondie de la situation s'impose avant de procéder à des changements fondamentaux. À nos yeux, une telle analyse devrait se faire en concertation avec des psychologues et des sociologues, les enseignant-e-s du primaire et du secondaire devant également se concerter sur ce point.
3. Dans le même ordre d'idées, le SEW voudrait souligner que ni l'évaluation formative décrite dans la proposition no 2 (p. 6) comme interactive et centrée sur l'apprenant-e, ni la meilleure méthode d'enseignement ne peuvent remplacer l'effort personnel de l'élève. Apprendre n'est certainement pas toujours une partie de plaisir pour l'apprenant-e. Il faut faire comprendre aux élèves et à leurs parents que cet effort doit être fourni ! Évidemment, cet effort doit être adapté au niveau et à l'âge de l'élève, mais à une époque où il est de plus en plus question d'enfants et de jeunes gâtés ce qu'on peut effectivement observer sur le terrain - il ne faudrait pas bannir de l'enseignement les valeurs de l'effort et de la rigueur. A défaut de l'effort personnel de l'élève, un redoublement d'effort de la part des enseignant-e-s n'est autre qu'un travail de sisyphe.
D'autre part, il faut se rendre à l'évidence que différencier l'enseignement en fonction des besoins spécifiques des apprenant-e-s, négocier et mettre en oeuvre des contrats d'apprentissage, rencontrer les parents et dialoguer avec eux, etc. est difficilement réalisable, vu l'augmentation des effectifs de classes et du nombre d'heures supplémentaires imposées aux enseignant-e-s en raison d'un manque cruel de personnel qualifié dans nos lycées et lycées techniques !
4. Les Commissions Nationales des Programmes auxquelles incombe d'après le rapport (p. 5) "le rôle d'encadrement, d'accompagnement et de médiation" demandent à être réformées d'urgence et fondamentalement. Il convient notamment de définir de manière précise leurs missions, de les faire diriger par des personnes formées et en grande partie libérées d'autres obligations, de mettre à la disposition de leurs membres une décharge appropriée et d'équiper ces Commissions de l'infrastructure matérielle nécessaire (locaux, bibliothèque, secrétariat...). À défaut d'une telle réforme des CN, une réforme sérieuse des programmes et des méthodes sera, vu l'ampleur d'une telle entreprise, à notre avis tout simplement impossible.
5. La réalisation de maintes propositions du groupe de travail du CSEN demandera que les enseignant-e-s puissent se réunir en séances de concertation avec leurs collègues et qu'ils/elles puissent participer à une formation continue en matière d'évaluation.
Afin de permettre aux enseignant-e-s de pouvoir en profiter sans négliger leur travail scolaire quotidien, ce travail de concertation et de formation continue est à intégrer dans la tâche des enseignant-e-s !
Luxembourg, le 12 décembre 2000 SEW/OGB-L