Conférence de presse du SEW/OGBL du 14 septembre 2000
Jusqu'à présent, la nouvelle Ministre s'est limitée à constater l'étendue des problèmes que connaît l'Education nationale. Le SEW/OGBL est évidemment content que les cris d'alarme qu'il lance depuis bientôt 20 ans sont enfin entendus au niveau ministériel. Encore faudra-t-il s'entendre sur les moyens à mettre en oeuvre.
Ce que le SEW/OGBL demande, c'est de s'attaquer sérieusement et en concertation avec tous les acteurs concernés aux mesures à prendre. Il faut éviter que l'urgence mène à des décisions irréfléchies et peu satisfaisantes comme la construction d'un lycée dans une zone industrielle.
Voilà pourquoi le SEW/OGBL fait des propositions concrètes sur les dossiers les plus importants. Un certain nombre de problèmes demandent des solutions concertées, mais rapides, afin de ne pas aggraver encore la situation.
Il y a tout d'abord la pénurie du personnel enseignant à résorber :
Pour le recrutement des professeurs, nous exigeons une plus grande transparence des modalités du concours et l'organisation de deux sessions par an afin de faire face plus rapidement au manque de personnel qualifié.
Pour le recrutement des instituteurs et des institutrices, nous revendiquons l'ouverture d'une deuxième voie de formation conduisant à l'obtention d'un diplôme d'instituteur-trice et à l'examen d'admission à la fonction, par des cours du soir et des cours de fin de semaine et s'adressant aux chargé-e-s de cours actuel-le-s. Par ailleurs, nous nous prononçons pour la création d'un véritable pool de remplaçants.
Il y a parallèlement le problème de la formation des enseignant-e-s et des éducateurs et éducatrices:
Celle des professeurs vient d'être réformée, mais le fonctionnement du nouveau stage pédagogique correspond pas à nos attentes: Nous demandons une meilleure collaboration entre le CUNLUX et les enseignant-e-s sur le terrain, un regroupement des matières des différents modules théoriques afin d'éliminer les doubles emplois et de réduire la surcharge de travail actuelle des stagiaires, ainsi qu'une formation des participant-e-s à la nouvelle formation. Nous constatons aussi que la nouvelle législation sur le stage pédagogique a prolongé de 6 mois la durée d'accès à la fonction et nous exigeons en contrepartie une amélioration de la carrière des enseignant-e-s en question.
La formation des instituteurs et institutrices demande à être mise enfin sur de sérieuses bases scientifiques. Les projets de réforme de l'ISERP ne sont absolument pas satisfaisants. Les résultats à l'examen d'admission à la fonction montrent clairement qu'il faut relever d'urgence le niveau de recrutement. Le SEW/OGBL a fait des propositions très concrètes pour une formation en deux temps sur base d'une formation universitaire en sciences de l'éducation suivie d'une formation didactique et pratique.
En ce qui concerne la réforme des formations de l'éducateur-trice et de l'éducateur-trice gradué-e, elle attend toujours qu'un groupe de pilotage ait terminé ses enquêtes sur les profils professionnels respectifs. Au train ou vont les choses, ceux-ci auront déjà sensiblement évolué avant qu'un projet de réforme n'ait vu le jour. Le SEW/OGBL estime qu'il faut absolument passer à la vitesse supérieure dans ce dossier, d'autant plus que la création de services éducatifs comportant du personnel éducateur est prévu dans les lycées et lycées techniques.
Madame la Ministre a promis de réformer la loi scolaire de 1912 :
Il s'agit d'une réforme importante à laquelle ses prédécesseurs se sont déjà attelé-e-s, sans réussir à terminer les travaux dans leur période de législation respective. Ceci risque d'arriver à nouveau si on n'invite pas rapidement les différent-e-s partenaires pour discuter des propositions concrètes. Il s'agit de créer enfin une base légale pour l'Education précoce et de définir clairement ses missions ainsi que les conditions de travail de l'équipe pédagogique et éducative. Le SEW/OGBL a déjà fait un grand nombre de propositions concernant l'organisation de cette structure. Nous saluons que peu à peu les vues des responsables politiques se rapprochent des nôtres et qu'il n'est plus nulle part question d'emploi de proximité dans le nouveau plan cadre. Il faudra cependant aller plus loin dans la définition des qualifications requises de la deuxième personne de l'équipe pédagogique et éducative. Il faudrait de même se mettre d'accord plus clairement sur les modalités de fonctionnement des différents groupes. Dans ce cadre, il s'agit également de mener à bien l'intégration de l'Education différenciée, ainsi que la réforme de la Commission d'Instruction et celle des Commissions scolaires locales. Toutes ces réformes sont urgentes et ne tolèrent pas d'être reportées à nouveau. Le SEW/OGBL a fait des propositions concrètes sur tous ces points.
Quant à la gestion des établissements postprimaires, nous exigeons - et cela en dehors de toute discussion sur l'autonomie scolaire - la mise en place de structures de cogestion véritables permettant au personnel de faire valoir ses droits de participation.
Il faut enfin organiser la création d'infrastructures scolaires :
Au niveau du précoce, du préscolaire et du primaire, les réformes des Commissions scolaires locales et de la Commission d'instruction pourraient permettre qu'un débat démocratique sur les infrastructures optimales devienne possible dans toutes les communes. Actuellement, les situations sont très inégales d'une commune à l'autre et même à l'intérieur de certaines communes.
Au niveau du secondaire et du supérieur, il faudra enfin créer une commission ou un groupe de travail où tous les partenaires soient représentés afin de planifier la construction et l'affectation de nouveaux établissements selon les besoins prévisibles.
Dans ce le contexte de nouveaux lycées techniques, il faudra donner une priorité aux élèves du régime préparatoire de l'EST, ce sont eux qui ont le plus besoin d'infrastructures adéquates et accueillantes et qui sont le plus souvent le moins bien logés.
Quant aux rythmes scolaires, le SEW/OGBL est d'avis qu'il ne faut surtout pas s'arrêter en début de chemin. Libérer le samedi à l'école primaire n'est certainement pas suffisant comme mesure permettant aux parents de mieux harmoniser vie familiale et vie professionnelle. Il y a d'autres revendications auxquelles il faut répondre. Il faut harmoniser les horaires des différents ordres d'enseignement et il faut veiller à ce que les écoles deviennent des lieux de vie accueillants ou concentration et récréation puissent alterner. Le SEW/OGBL a déjà fait comprendre à plusieurs reprises que l'accueil, la restauration et les activités péri- et parascolaires devraient être offertes dans le cadre de l'école, sous l'unique responsabilité du Ministre de l'Education nationale. Madame Brasseur nous a fait savoir que le Gouvernement en avait décidé autrement. Nous estimons que cette décision ne va pas dans la bonne direction et nous ne manquerons pas de signaler les perturbations que cette dilution des responsabilités entraînera sur le terrain.
Luxembourg, le 14 septembre 2000 SEW-OGB-L