D'Kaz ass aus dem Sak !

28.03.2006

Les rumeurs au sujet de la modification de la tâche des professeurs de l'enseignement secondaire et secondaire technique sont à présent confirmées. Lors d'une entrevue avec l'APESS, la FEDUSE-Enseignement et le SEW/OGB-L réunis en intersyndicale, la Ministre de l'Education nationale a abattu son jeu: elle voudrait massivement augmenter la tâche des professeurs en jouant aussi bien sur leur présence dans les établissements à des fins de concertation, de travail conceptuel, de remédiation et de formation continue, que sur le nombre de leçons à enseigner. Au menu figurerait l'abrogation de la lettre ministérielle du 30 mars 1965 et de la première leçon de décharge pour ancienneté, ainsi qu’une révision à la baisse des coefficients, ce qui équivaudrait à une augmentation substantielle de la durée de travail hebdomadaire ! Le tout serait consacré dans un règlement grand-ducal qu'elle soumettrait au conseil des ministres dès le mois de mai. Sorte de « diktat » inacceptable donc, qui ne peut être ressenti que comme une provocation.
Il s'agirait d'un côté de redéfinir qualitativement la tâche des professeurs; une « redéfinition essentiellement qualitative » est par ailleurs envisagée dans le programme gouvernemental.
Le « profil professionnel des enseignants de l'enseignement secondaire et secondaire technique au Grand-Duché de Luxembourg » que le MEN a adressé aux lycées et lycées techniques - sans invoquer le lien avec la tâche des professeurs ( !) - en parle longuement.
Or ce « profil » s'apparente au mieux à un code de déontologie et au pire à un amalgame de bondieuseries! Il ne répond nullement à un profil professionnel dans le vrai sens du terme, puisqu'il ne fait pas correspondre les moyens aux attentes et qu'il ne permettrait donc pas aux agents visés d'assumer leur responsabilité. Il rend par exemple un professeur « responsable de l'éducation de ses élèves » tout en sachant qu'il n'en a pas les moyens ! Cela étant dit, le SEW n'exclut pas d'intégrer des activités de concertation, de soutien aux élèves, de contact avec les parents et de formation continue dans la tâche. Insistons néanmoins qu'une négociation autour d'une telle intégration devra avoir lieu sans à piori, ni ultimatum, que les moyens mis en œuvre devront correspondre aux attentes et qu'une augmentation de fait de la tâche est exclue ! La plupart des professeurs assument d'ailleurs bénévolement toute une série d'activités apparues au fil de la réglementation des dernières années, sans qu'il n'en soit tenu compte officiellement !
Ne mentionnons à cet égard que la remédiation.
Quant à la redéfinition quantitative de la tâche, la Ministre argumente qu'il faudrait augmenter le nombre de leçons d'enseignement à prester pour faire face à la pénurie d'enseignant-e-s qualifié-e-s. Une telle mesure n'était pas inscrite dans le programme gouvernemental, et pour cause: l'impératif annoncé de réduire coûte que coûte les dépenses publiques n'a été lancé qu'il y a un an environ. Après diverses pistes explorées sans trop de succès jusqu'à présent, les professeurs semblent constituer des boucs émissaires de premier choix pour progresser dans cette voie. La tactique du divide et impera constitue depuis toujours une arme de prédilection d'une démarche autoritaire. Que ceux qui se croient à l'abri tant qu'on demande les sacrifices aux autres ne s'y trompent pas !
Madame Delvaux n'ignore certainement pas que la politique de recrutement extrêmement restrictive menée à l'encontre des mises en garde syndicales par les gouvernements successifs sous la direction de Monsieur Jean-Claude Juncker est la cause essentielle de la pénurie actuelle d'enseignant-e-s qualifié-e-s. Elle connaît les propositions pour y faire face: suspension de l'examen-concours de recrutement dans les branches à pénurie et ouverture de comptes épargne-temps.
Elle doit savoir aussi qu'une politique de réforme de l'enseignement ne se conduit pas contre le corps enseignant et que l'école ne peut se charger de nouvelles missions tout en étant soumise à un régime d'austérité. Après le malheureux règlement sur les critères de promotion, pris à l'encontre des avis syndicaux et qui a fait grincer des dents la grande majorité des professeurs, le ras-le-bol est déjà manifeste.
La nouvelle charge massive annoncée contre les conditions de travail risque fort de faire déborder le vase !

Guy Foetz