Appel de Solidarité
Appel de Solidarité
L'année passée, le SEW/OGB-L avait publié sur ces pages plusieurs articles, lettres ouvertes et prises de position en relation avec la problématique des réfugiés au Luxembourg en général et les enfants réfugiés scolarisés en particulier. Dans cette logique, nous vous prions de trouver ci-dessous, chère lectrice, cher lecteur, un communiqué de Jugend fir de Fridden traitant de ce même sujet.
Nous, soussignés, lançons cet appel en faveur d'une famille ukrainienne d'origine russe risquant d'être expulsée d'une minute à l'autre vers le pays qu'ils ont fui il y a quatre ans.
Cette famille habitait en Crimée, une région faisant partie intégrante de l'Ukraine. Celle-ci a été repeuplée après la deuxième guerre mondiale par des populations russes, entre autres. Les Tatares expulsés de cette région reviennent depuis la chute de l'Union Soviétique et certains d'entre eux s'en sont pris à la famille V. afin de récupérer la maison qui, selon eux, aurait appartenu à leurs ancêtres. Suite à de nombreuses menaces notamment à l'égard de leurs enfants, la famille V. a pris la décision de se réfugier au Luxembourg.
Malgré toutes les difficultés qu'ils ont pu rencontrer au début de leur séjour, les enfants de la famille V. ont parfaitement réussi leur intégration. Le cadet parle parfaitement le luxembourgeois et fréquente une école primaire à Luxembourg-ville. Dans son temps libre, M., dix ans, pratique l'Aïkido, discipline dans laquelle il est particulièrement brillant. L'aînée, 15 ans, parle le français couramment et elle est scolarisée dans un lycée luxembourgeois. E. mène une vie d'adolescente comme toutes les jeunes filles de son âge et a construit de nombreuses amitiés.
Les parents montrent une volonté évidente d'intégration dans la société luxembourgeoise (fréquentation d'évènements culturels, cours de langues ...) Au vu de tous ces éléments, la famille a un avenir assuré au sein du Grand-Duché d'autant plus que le père de la famille V. bénéficiera d'un travail stable.
Cependant ces arguments ne semblent pas suffisants ni pour le ministre de la Justice, M. Luc Frieden, ni pour son administration afin de régulariser la situation de cette famille.
Aujourd'hui, après tous ces périples, - notamment le voyage entre Kiev et le Luxembourg effectué dans des conditions inhumaines et particulièrement traumatisantes pour des enfants de onze et six ans (cachés derrière des sacs dans un camion) -, leur vie péniblement reconstruite au Luxembourg est en danger. Le risque d'expulsion est constamment présent, la peur qu'ils avaient fuie, s'est à nouveau installée. Depuis que la police a pris des renseignements à l'école du jeune M. pour l'arrêter afin de l'expulser avec ses parents et sa soeur, leur situation devient de jour en jour moins tenable. Aller à l'école est désormais lié au risque de ne plus en revenir. Comment expliquer aux jeunes M. et E. qu'ils doivent quitter leurs amis, leur école, leur environnement ? L'Ukraine n'est plus leur pays, ils n'y ont aucun futur et l'écriture cyrillique leur est inconnue, ce qui rend impossible toute scolarisation. Ni famille, ni logement, la décision de les expulser revient à une condamnation à une vie dans la misère et dans la peur.
La vie de la famille V. ne doit pas être brisée. Nous en appelons au bon sens et à la générosité du gouvernement. Donnez une chance à la famille V. de mener une vie dans la dignité. C'est tout ce qu'ils demandent.
Jugend fir Fridden a Gerechtegkeet
SEW/OGB-L