Le programme gouvernemental de l'Education nationale et la réforme du lycée

Le programme gouvernemental de L’EDUCATION NATIONALE ET LA REFORME DU LYCEE
AVIS PROVISOIRE DU SEW/OGBL
Préambule
Le SEW/OGBL regrette de n’avoir reçu les textes législatifs se rapportant aux réformes en question qu’en date du 26 septembre 2016, alors même que le Ministre Meisch a communiqué la date du 29 juillet 2016 pour soumettre au Conseil de Gouvernement sept avant-projets de loi et deux avantprojets de règlement grand-ducal. Le présent avis ne peut donc être considéré que comme provisoire en attendant l’analyse de l’entièreté des documents législatifs.
Le SEW/OGBL regrette également que le MENJE n’ait répondu que très tardivement à ses demandes d’entrevue sur les sujets en question. Les demandes du SEW/OGBL des 22 février, 17 mai et 8 septembre 2016 sont en effet restées lettre morte pendant très longtemps et ce n’est que le 26 septembre 2016 qu’une réponse favorable lui est finalement parvenue.
Par la même, le SEW/OGBL doit constater que, de plus en plus souvent, les envois, tout autant que les invitations aux réunions, se font à la dernière minute, dans la précipitation la plus totale, ne donnant ainsi aux responsables du SEW/OGBL, ni le temps, ni le recul nécessaire pour se préparer correctement et fournir un avis complet et définitif.
1. Le programme gouvernemental de l’Education nationale
Le SEW/OGBL doit constater que la politique du MENJE se caractérise par une multitude d’annonces spectaculaires au rythme endiablé ainsi que par une prolifération de structures scolaires et parascolaires, de comités, commissions et autres agences dont les finalités ne semblent pas toujours très claires tout en coûtant cher en ressources humaines et financières, ressources qui manquent cruellement sur le terrain, dans les écoles et dans les classes.
De plus, les phases de préparation de ces nouvelles unités se caractérisent le plus souvent par l’absence de concertations avec les acteurs du terrain qui, par la suite, sont mis devant le « fait accompli ».
Le SEW/OGBL demande à ce que le MENJE prenne enfin conscience
- que les spécialistes en matière éducative ne se trouvent pas dans les étages supérieurs du MENJE ou de l’Université, respectivement dans des bureaux d’expertise internationaux, mais bien sur le terrain, dans les écoles et les lycées, dans les classes, dans les maisons-relais, les structures d’accueil et autres institutions spécialisées,
- que les ressources financières disponibles sont à investir là où l’action se passe, dans les écoles et les lycées, dans les classes, dans les maisons-relais, les structures d’accueil et autres institutions spécialisées et non pas dans des bureaux d’expertises et autres agences spécialisées dans l’établissement de statistiques redondantes.
C’est surtout à travers l’implication systématique des spécialistes du terrain, qu’ils soient enseignants, éducateurs, psychologues, sociologues ou autres dans la préparation et l’élaboration de nouvelles réformes et structures qu’une véritable plus-value pourra être obtenue pour notre système éducatif.
2. La réforme du lycée
A. L’autonomie des lycées
Le SEW/OGBL se prononce contre une autonomie trop poussée des lycées.
L’autonomie des lycées, telle qu’elle est présentée par le MENJE, prétend « responsabiliser » davantage les lycées dans leur politique d’offre et de développement scolaires, dans leur approche pédagogique, dans le recrutement de leur personnel et dans la gestion financière de tous les jours.
Ce qui, à première vue, peut sembler intéressant pour le développement intrinsèque des lycées et,de leur population scolaire, risque néanmoins, à moyen terme, de provoquer un climat malsain de concurrence entre lycées.
Le concept très libéral de l’autonomie scolaire ne favorisera pas une plus grande équité sociale, objectif pourtant déclaré des responsables du MENJE. Au contraire, le processus d’autonomie scolaire et la mise en concurrence des lycées risquent de provoquer une accélération des injustices sociales et d’engendrer, d’un côté, quelques lycées publics et privés « nobles », grassement financés, destinés aux classes aisées et, de l’autre côté, une panoplie de lycées publics pour le reste de la population scolaire. Le concept des lycées de proximité va disparaître et ce sera surtout en fonction du milieu social dont sera issue la majorité des élèves d’un lycée que les parents, qui peuvent se le permettre, choisiront le lycée approprié pour leurs enfants.
Par ailleurs, une plus grande autonomie des lycées et l’obligation de se fixer des objectifs peuvent constituer des moyens pour le MENJE de se déresponsabiliser des problèmes et dysfonctionnements dans la mise en pratique des réformes à venir. Qui sera alors tenu pour responsable au cas où les objectifs que le lycée s’est donnés, ne seraient pas atteints ? L’élève et ses parents ? L’enseignant ? La cellule de développement scolaire qui a élaboré le plan ? La direction du lycée ? Comme si souvent, le MENJE énumère les obligations et les devoirs sans régler la question de la répartition des responsabilités1.
La neutralité de l’école publique est également en jeu, l’autonomie du lycée allant de pair avec une nplus grande ouverture de l’école, non seulement vers la société civile, ce qui serait encore justifié, mais également vers le monde économique et financier, avec tout ce que de tels partenariats comportent comme risques.
Au cas échéant d’une plus grande autonomie des lycées, le SEW/OGBL demande à ce que les prises de décisions et le « droit de regard » de tous les partenaires scolaires (enseignants, élèves, parents d’élèves) soient clarifiés et améliorés, pour éviter que le pouvoir des directions de lycées ne devienne de plus en plus écrasant, provoquant mécontentement et démotivation des acteurs concernés. A cet égard, ne citons que quelques exemples :
- La décision de changer l’offre scolaire dans un lycée (ajout de certaines formations, retrait d’autres) sans véritable consultation ni accord du corps enseignant, provoquera sans doute le mécontentement d’une grande partie des acteurs scolaires.
- La demande de places étant supérieur à l’offre, le choix des élèves admis au nouveau lycée « public » européen de Differdange est laissé à la guise du directeur en place. Selon quels critères ce choix s’effectue-t-il ? Ces critères sont-ils socialement équitables ? Est-ce qu’un quelconque contrôle est prévu ? Ces questions méritent réponse !
- Le conseil d’éducation, organe de décision principal du lycée, représentant aussi bien la direction, les enseignants, les élèves et les parents d’élèves, est soumis au du bon vouloir du directeur de lycée, l’art. 36 de la loi modifiée du 25 juin 2004 portant organisation des lycées spécifiant que « en cas de désaccord du directeur avec une décision prise par le conseil d’éducation, le directeur et les autres membres du conseil d’éducation disposent d’un mois pour régler le différend à l’intérieur de l’établissement. Si le différend subsiste au-delà de ce délai, le directeur décide ».
Finalement, le SEW/OGBL rappelle que l’enquête de la délégation nationale des enseignants des lycées et lycées techniques (DNL), menée en 2013 auprès des enseignants de l’ES et de l’EST, a révélé que l’obligation des lycées de se donner un profil - proposition datant du projet de Madame Delvaux, a été refusée par 71% des enseignants. Dans la même enquête, l’obligation des lycées de fixer leurs propres objectifs et de les poursuivre, ainsi que l’évaluation bureaucratisée à tous les niveaux qui en résulte, ont été refusées par 85,7% des enseignants.
B. Cours de base et cours avancés dans le cycle inférieur de l’EST
Le SEW/OGBL approuve une organisation de l’enseignement des langues et des mathématiques en cours de base et en cours avancés. Un système de passerelles et de cours d’appui, fonctionnel et performant, surtout vers le haut, doit néanmoins être mis en pratique.
Le SEW/OGBL renvoie, à ce sujet, aux propositions très élaborées de la DNL dans son rapport de synthèse d’avril 2013 sur la réforme du lycée, dont notamment les suivantes :
- garantir l’existence de passerelles, aussi bien entre les régimes (ES/EST) qu’entre les cours (de base/avancé)2,
- en classes de 8e et 9e, un élève inscrit en cours de base et qui viserait une formation pour laquelle un cours avancé est exigé, aurait la possibilité de participer à un cours de mise à niveau pendant l’année scolaire,
- pour les cours de mise à niveau, le nombre de participants devrait être limité à un maximum de 10 élèves,
- un élève du cours de base ou un élève du cours avancé qui n’aurait pas la moyenne requise dans une branche pour accéder à la section/formation souhaitée au niveau de la classe de 10e, pourrait se présenter à une épreuve d’admissibilité organisée en juillet3.
Pour ce qui est des notes qui correspondent à un certain niveau de compétences, le SEW/OGBL est d’avis que pour une note se situant entre 20 et 25, on ne peut pas parler de « socle atteint sous réserve ». Cette notion de « socle atteint sous réserve », notion qui est par ailleurs très floue et ambiguë, pourrait tout au plus correspondre à une note supérieure à 25.
C. Critères d’orientation à la fin du cycle inférieur
Le SEW/OGBL est très sceptique quant à « l’obligation, pour chaque lycée, de définir sa propre démarche d’orientation scolaire et professionnelle ». Aux yeux du SEW/OGBL, les « critères nationaux de référence » dont parle le MENJE, mais qui restent, en l’état, très vagues, doivent être contraignants pour tous les lycées afin de garantir une équité de traitement à tous les élèves, quel que soit le lycée fréquenté. Une adaptation, par les lycées, de ces critères, que ce soit vers le bas ou vers le haut, doit absolument être exclue, pour faire face au risque, là aussi, de promouvoir une concurrence malsaine entre lycées.
D. Des sections plus flexibles dans le cycle supérieur de l’ES
Le SEW/OGBL ne se prononce pas contre un enseignement qui permet une certaine flexibilité.
Il met pourtant en garde contre la mise en concurrence malsaine des lycées que pourrait provoquer une flexibilisation irréfléchie, nuisible à une préparation appropriée aux études supérieures. Aussi, le problème des élèves qui changent de lycée en cours de formation mérite d’être discuté.
Le SEW/OGBL met également en garde contre le risque de perte du caractère unitaire de l’enseignement et des diplômes ainsi que d’une accentuation de l’inégalité des chances des élèves suivant le lycée qu’ils fréquentent.
Les propositions de la DNL dans le rapport de synthèse, déjà évoqué, sur la réforme du lycée, en direction d’une structuration du cycle supérieur de l’ES par la détermination d’options d’études spécialisées, regroupées en doubles sections (Langues et sciences humaines, Mathématiques et sciences naturelles, Sciences économiques et sociales, Arts et musique), méritent d’être analysées en détail.
Une telle structuration « présenterait l’avantage d’offrir aux élèves un éventail d’options d’études suffisamment large pour que la grande majorité des élèves puisse y faire un choix en fonction de ses goûts, intérêts et capacités, tout en regroupant à chaque fois deux sections d’études spécialisées assez proche de par leur finalité pour que des cours communs aux élèves d’une même double section puissent être organisés. Ces cours communs concerneraient l’enseignement général et les cours à options spécialisées »4.
E. Mesures d’appui et de remédiation
Les mesures d’appui et de remédiation sont d’une importance cruciale dans l’avancement des élèves et le SEW/OGBL a de tout temps revendiqué l’augmentation des moyens pour y faire face. Il doit donc mettre en garde contre la nouvelle politique du MENJE à ce sujet. En effet, comme le MENJE exige que « les lycées se dotent dorénavant d’une démarche d’appui et de remédiation documentée dans leur plan de développement scolaire », il se déresponsabilise de toute organisation efficace de ces mesures alors qu’il sait pertinemment bien à quel point celle-ci s’avère difficile et fastidieuse.
Le SEW/OGBL exige, à ce sujet, que le MENJE mette à disposition des lycées, et les infrastructures, et les ressources humaines, et les moyens financiers nécessaires à l’organisation de mesures d’appui et de remédiation efficaces. De plus, ces mesures doivent être intégrées dans les grilles-horaires des élèves afin de ne pas les surcharger, comme c’est actuellement le cas pour les élèves dans la formation professionnelle.
Quant à la proposition de « parrainage » que le MENJE veut lancer, le SEW/OGBL aimerait recevoir des informations supplémentaires sur la mise en pratique de ce principe et le rôle précis attribué aux enseignants appelés à superviser ce parrainage.
F. Enseignement des langues
En ce qui concerne l’enseignement des langues, le SEW/OGBL doit constater que la plupart des annonces faites par le MENJE dans ce domaine brillent par l’absence de détails au sujet de la mise en pratique concrète sur le terrain.
Le SEW/OGBL rappelle que la problématique linguistique particulière du Luxembourg lui tient tout particulièrement à coeur et qu’il a récemment organisé un séminaire à ce sujet. Dans plusieurs ateliers, les thèmes suivants ont été abordés :
- Alphabétisation – quelles solutions pour l’avenir ?
- Rôle des langues lors du passage Fondamental/Secondaire
- Rôle des langues dans la société luxembourgeoise
- Multilinguisme et (in)égalité des chances
Le SEW/OGBL soutient notamment, dans le cadre de la problématique en question, les propositions émanant des travaux de la DNL, non retenues à l’heure actuelle par le MENJE. La DNL introduit, en effet, dans la discussion sur l’apprentissage d’une langue, à côté des principes de « langue maternelle » respectivement de « langue étrangère », le concept de « langue seconde », qui va audelà de la langue étrangère tout en tendant vers le niveau de langue maternelle.
La didactique de langue seconde se focalise en effet sur « une phase intermédiaire entre la simple communication et la parfaite maîtrise de la langue ». La langue seconde est « une langue spécifique à l’école, qui permet de suivre une scolarité avec une prépondérance de l’écrit. Mais elle vise une compétence poussée, voire très poussée, qui rend le futur citoyen apte à vivre dans une société pluri- et multilingue5 ».
Le SEW/OGBL regrette que le MENJE ne prenne aucunement en compte, à l’heure actuelle, les propositions de la DNL en matière de langues. Et pourtant, devant l’importance de la problématique linguistique au Luxembourg, un grand débat avec tous les acteurs concernés semble inévitable.
Quant à la certification du niveau linguistique dans les différentes langues enseignées au Luxembourg, le SEW/OGBL doit constater que de moins en moins d’universités tiennent compte du niveau élevé de l’enseignement des langues au Luxembourg. Les diplômés luxembourgeois, bien que parfaitement aptes à s’exprimer aussi bien en français, allemand qu’en anglais, doivent de plus en plus souvent passer des tests d’admission aux universités à l’étranger, respectivement produire des certifications d’instituts de langues privés pour être admis. Le SEW/OGBL trouve cette situation aberrante et inadmissible et demande aux responsables politiques d’entamer enfin les négociations nécessaires au niveau international afin de remédier à cette situation.
La langue seconde1Afin de définir le concept, nous nous référons au domaine de la didactique du français. Il existe plusieurs définitions du français langue seconde ; elles ont pour point commun de retenir qu’il s’agit de la langue de la scolarité. Jean-Pierre Cuq2, tout d’abord, définit le « français langue seconde (FLS) » comme le français parlé à l’étranger avec un statut particulier. Il s’agit principalement de l’usage du français dans les anciennes colonies ou dans les anciens protectorats français. Le français n’y est pas la langue maternelle, ni même une simple langue étrangère comme le français l’est aux États-Unis par exemple. Le français langue seconde est utilisé comme langue d’enseignement à partir d’un certain niveau et permet l’accession à un niveau social plus élevé. L’éducation nationale définit le français langue seconde comme la langue qui, en France, permet à l’élève d’accéder à une qualification. Le sigle FLS peut dans ce cas se traduire par « français langue de scolarisation1. » Dans les deux définitions, le FLS est pratiqué par des étrangers dont la langue maternelle n’est pas le français mais auxquels le français doit permettre, non seulement de communiquer avec autrui, mais aussi de suivre des cours. Ces définitions correspondent bien avec la situation linguistique dans notre pays. Au Luxembourg, ni l’allemand ni le français ne sont la langue maternelle ni des Luxembourgeois ni de la grande majorité des autres communautés linguistiques. Cependant, langues d’usage courant dans la vie de tous les jours (vie pratique, presse, …), langues législative, judiciaire et administrative, et l’allemand et le français jouissent d’un statut particulier et doivent – par conséquent – être maîtrisés à un niveau bien plus élevé que ne le serait aucune autre langue « étrangère » dans aucun autre pays. On peut considérer que l’allemand et le français – langues secondes – sont censés permettre la transition entre la langue étrangère et la langue maternelle. La langue seconde est donc une phase intermédiaire entre la simple communication et la maîtrise parfaite de la langue et du métalangage. C’est une langue spécifique à l’école, qui permet de suivre une scolarité avec une prépondérance de l’écrit. Mais elle vise une compétence poussée, voire très poussée qui rend le futur citoyen apte à vivre dans une société pluri- et multilingue. Peu de méthodes existent dans ce domaine. L’ambition et le défi consistent donc à inventer une « voie luxembourgeoise » en la matière, qui consiste à définir les savoirs et les savoir-faire à acquérir dans les différentes langues à apprendre, à faire l’inventaire de contenus et d’exigences en matière de compréhension et de production que l’élève doit maîtriser à un moment donné de son parcours et à définir une progression raisonnable et raisonnée au fil de la progression du système scolaire, du fondamental jusqu’aux classes terminales. 1. Source : http://www.cndp.fr/bienlire/04-media/a-fle-Imp.htm 2. Jean-Pierre Cuq, Le Français langue seconde – Origines d’une notion et implications didactiques, Hachette, 1991 |
G. Le bilan chiffré
Le SEW/OGBL doit constater que le système éducatif luxembourgeois se caractérise malheureusement, aujourd’hui, par un imbroglio total en ce qui concerne l’évaluation des élèves : bilan chiffré de A jusqu’à D+ à l’enseignement fondamental ; bilan chiffré de 0 à 60 dans le cycle inférieur de l’ES et de l’EST ; bilan de compétences dans la formation professionnelle ; bilan chiffré de 0 à 60 dans tous les autres parties de l’enseignement post-fondamental.
Le SEW/OGBL propose, pour remédier à cet imbroglio, de revenir à un système uniforme de notation, à partir des cycles 3 ou, au plus tard 4 dans l’enseignement fondamental jusqu’en classes de 1e/13e du Secondaire, tous régimes confondus de l’enseignement post-fondamental.
Le SEW/OGBL est ouvert à toute discussion, dans tous les cas où une telle notation uniforme devient une alternative plausible.
H. Représentation nationale des parents
Le SEW/OGBL approuve la création d’une représentation nationale des parents. L’implication des parents dans la réussite scolaire de leurs enfants n’est plus à démontrer et une meilleure intégration de ces derniers dans la vie scolaire ne peut être que bénéfique. Le SEW/OGBL demande toutefois à ce que le MENJE spécifie plus en détail le rôle dévolu aux parents et comment il compte y arriver.
I. Le conseil d’éducation
Le conseil d’éducation étant l’organe de décision principal du lycée, représentant aussi bien la direction, les enseignants, les élèves et les parents d’élèves, le SEW/OGBL voudrait une nouvelle fois dénoncer des modalités de décision de cette instance. Elles culminent dans le contenu de l’art. 36 de la loi modifiée du 25 juin 2004 portant organisation des lycées, qui spécifie qu’ « en cas de désaccord du directeur avec une décision prise par le conseil d’éducation, le directeur et les autres membres du conseil d’éducation disposent d’un mois pour régler le différend à l’intérieur de l’établissement. Si le différend subsiste au-delà de ce délai, le directeur décide6 ».
Le SEW/OGBL voudrait rappeler au Ministre ses revendications de longue date pour la mise en place de structures de participation authentiques au sein des lycées et lycées techniques, et qui ont déjà fait l’objet d’une pétition en avril 2003. Y figure notamment la revendication de la mise à disposition de moyens matériels adéquats permettant au comité des professeurs, respectivement au nouveau comité de la conférence des lycées d'exercer de véritables droits de représentation et de cogestion.
A l’heure actuelle, le conseil d’éducation est une organisation fantoche, qui dépend entièrement du bon vouloir du directeur d’établissement, et cela ne semble pas changer avec la nouvelle réforme.
Le SEW/OGBL plaide pour une véritable augmentation des droits de représentation et de cogestion des comités représentatifs au sein du lycée (conseil d’éducation, comité de la conférence des lycées, comités des élèves et des parents d’élèves) et de rendre ainsi la gestion plus transparente et plus démocratique7.
J. La cellule de développement scolaire
Aux yeux du SEW/OGBL, la « cellule de développement scolaire » est une structure qui s’avère superflue, d’autant plus que ses membres sont désignés par le directeur du lycée et n’ont donc aucune assise démocratique, au contraire des comités de professeurs, d’élèves et de parents d’élèves.
Plutôt que de miser sur une concertation étroite entre la CDS et le conseil d’éducation dans l’élaboration du PDS, le SEW/OGBL propose d’affecter toutes les missions attribuées actuellement à la CDS au conseil d’éducation, organe démocratiquement élu et qui est de plus le seul à représenter tous les acteurs de la communauté scolaire. Par la même occasion, une telle mission attribuée au conseil d’éducation – qu’il faut démocratiser - permettrait une implication plus poussée des parents dans la vie scolaire et l’instauration d’un véritable partenariat avec les parents. Dans ce contexte, le SEW/OGBL rappelle que le partenariat avec les parents constitue une des six grandes priorités du MENJE pour les prochaines années.
2 DNL – Rapport de synthèse (page 117)
3 DNL – Rapport de synthèse (page 118)
4 DNL – Rapport de synthèse (pages 134 – 140)
5 DNL- Rapport de synthèse (page 83)
6 La même procédure très peu démocratique peut d’ailleurs être constatée lors du vote du PDS dans un lycée.
En effet, si la conférence du lycée avise deux fois négativement un PDS proposé par la CDS et le conseil d’éducation, le directeur constate simplement l’incapacité de la communauté scolaire de se mettre d’accord et il approuve définitivement un PDS, conférant la suprématie totale au directeur.
7 DNL-Rapport de synthèse (pages 170 à 174 : Contre la mercantilisation, pour la démocratie participative)