Feu à tous les étages

07.11.2017

Pénurie d’enseignants, chaos programmé lors de la rentrée, administration débordante, privatisation insidieuse de l’enseignement public, désorganisation de l’EDIFF, des enseignants démotivés et le ministre décrédibilisé et isolé



Le moins qu’on puisse dire c’est que la rentrée scolaire 2017/18 fut mémorable. Jamais les représentants du SEW/OGBL n’étaient autant sollicités par leurs membres et par la presse. A un rythme très soutenu émergeaient les gros problèmes de l’école publique et ceci à presque tous les niveaux.

A quelques jours seulement de la rentrée se montrait la pénurie d’enseignants au niveau du fondamental. Retenons qu’au moment du concours d’admission au stage d’entrée en fonction, avec seulement quelque 120 candidats pour 200 postes libres, les sonnettes d’alarme auraient dû retentir dans les bureaux de la rue Aldringen. Or visiblement personne ne se sentait responsable et le ministree t ses collaborateurs se limitaient pendant les mois estivaux aux nominations du personnel des nouvelles directions régionales. Cette pénurie est due à une perte d’attractivité du métier d’enseignants dans les classes après la mise en place du fameux stage. Vu l’ampleur de la pénurie et le nombre de jeunes qui se sont engagés dans les études menant à la fonction d’enseignant, on peut craindre que le problème va s’amplifier dans les années à venir. A court terme, les écoles vont se voir confrontées à un manque cruel de remplaçants et les écoles auront toutes les peines du monde à garantir un fonctionnement quelque peu raisonnable lors de la prochaine épidémie de grippe.

L’annonce du problème a déclenché les réflexes habituels de la part de monsieur le ministre : minimiser le problème, faire intimider les enseignants pour qu’ils n’en informent pas le grand public. Le ministère tente de décréditer ceux qui ont quand même osé communiquer les faits et se permet une certaine créativité avec les données réelles.

Or cette fois-ci, la stratégie du ministre qui est pourtant un maître de la communication et de la promotion, n’a pas fonctionné.

Le personnel des écoles a finalement réalisé qu’il doit se manifester pour dénoncer les multiples problèmes des différents secteurs. Le personnel de l’EDIFF ne s’est pas laissé faire et s’est mobilisé avec succès contre un détachement ne respectant pas ce qui a été convenu avec les représentants du ministère.

Les chargés de cours sont en train de se rendre compte qu’ils forment désormais l’épine dorsale de l’enseignement fondamental et réclament des conditions de travail appropriées.

A ceci s’ajoutent de multiples autres sujets très controversés comme une diversification de l’offre scolaire qui représente d’énormes dangers pour les enfants issus des milieux défavorisés et ouvre les portes de l’enseignement public aux multinationales privées.

La mise en place des directions régionales de l’enseignement fondamentale est incompatible avec le modèle de la cogestion qui, rappelons-le, était considéré comme un des éléments réussis de la réforme de 2009. Les enseignants vivent très mal ce système qui a été créé avec les ressources humaines que les écoles ont perdu par l’introduction du contingent. En effet, il ne s’agit pas d’aider les enseignants, mais de mettre en place un dispositif de contrôle et une bureaucratisation débordante. Les responsables politiques manquent visiblement de confiance envers les enseignants.

Tout cela ne se traduit pas seulement par une perte de confiance de l’enseignement public auprès des parents, mais aussi auprès des enseignants.

Je vous invite de lire l’intervention de Monique Adam, faite lors d’une réunion d’échange du ministre avec le personnel des directions et les présidents des comités d’école. Monique a trouvé les mots appropriés pour décrire la situation réelle des enfants en classe et l’atmosphère des enseignants travaillant dans les écoles.

Les enseignants, dans leur majorité, ne peuvent plus s’identifier à la politique d’enseignement actuel.

Si l’entraîneur d’un club de foot n’avait plus confiance en ses joueurs, et les joueurs doutaient de ses compétences tactiques, le comité se verrait contraint de tirer les conséquences qui s’imposent.

Et l’éducation est plus importante que le foot, n’est-ce pas !

Patrick Arendt
Président duSEW/OGBL